Chronique | SPECTRALE - ▲ (Album, 2017)


Spectrale - ▲ (Album, 2017)

Tracklist :

01. Andromede - 05:46
02. Contact - 03:37
03. Attraction - 05:35
04. Landing - 05:43
05. Magellan - 05:15
06. Monocerotis Part1 - 03:17
07. Monocerotis Part2 - 03:17
08. ▲ - 03:01
09. Retour sur Terre - 08:42

Extrait en écoute:



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L'espace, infini et onirique n'a pas fini d'inspirer les hommes et Jeff Grimal fait partie de ces hommes. Après ses invocations en l'honneur des Grands Anciens, le guitariste quitte R'lyeh et les profondeurs aquatiques, refuge de ses dieux extraterrestres, horribles et obscènes. Le musicien retrouve Les Acteurs de l'Ombre pour la sortie de « ▲ » premier album de son side-project Spectrale. Il s'agit d'un voyage spatial nouveau, une expérience musicale bien loin de The Great Old Ones, même si encore une fois c'est Jeff Grimal qui s'occupe d'illustrer son propre travail musical.


Le rêve, la mélancolie, la douceur... Autant de termes qui peuvent qualifier la musique de cette offrande mystique et introspective. Des mots qui tendent à dessiner le sens d'un album qui cherche à saisir un univers. Ce n'est pas pour autant un voyage en toute accalmie; des touches rapides sur 'Andromedea' jouent sur notre angoisse des espaces non-clos, où l'horizon n'est qu'une fiction. L'écoute nous plonge dans l'état d'esprit de cet astronaute face au silence de l'univers, la voix est superflue à l’exception de chœurs sur 'Atraction'. Les bruits de l'âme se changent en musique, la guitare sèche exprime à elle seule une grande partie des émotions de l'album entre Shoegaze et musique psychédélique. L'ombre de Pink Floyd plane sur les titres. Le groupe joue aussi sur des samples ambiancés sur 'Attraction'. La guitare est soutenue par des bruits lointains mais omniprésents qui rappellent le vide de l'espace dans une esthétique musicale très BO de films. Si la guitare apparaît comme la ligne directrice, ce fils rouge est troublé par des éléments néo-classiques apportés par le violoncelle et le piano ou plus Metal avec la guitare électrique sur 'Landing'. Autant d'éléments qui nous font oublier que l'exercice minimaliste peut rapidement tomber dans les déboires de la monotonie. Spectrale joue sur les ambiances, sur les atmosphères. Le passage près de Vénus et du satellite 'Magellan' se fait angoissant avec la guitare électrique qui résonne et ponctue le jeu de la guitare sèche qui se fait plus rapide, les cordes pincées sont presque hésitantes, improvisées, comme si l'astronaute avançait à l'aveugle près de cette planète ardente, plus que le guider elle semble perdre l'homme avec les bruits noises qui finissent ce titre.
Une partie de ce périple cosmique se déroule autour de la constellation équatoriale de la Licorne et plus précisément de l'étoile V838 Monocerotis. Divisé en deux partie de temps égal, 'Monocerotis' est une suspension délicate, une rêverie entre la guitare sèche et le violoncelle. On observe, spectateur du théâtre cosmique, cette étoile variable. Les titres illustrent avec subtilité les augmentations soudaines de sa luminosité. La guitare se fait plus forte, plus lumineuse et languissante.
La suite de l'album se fait plus noise, plus angoissée et les rythmes sont rapides. Ils s'abattent sur nous, « ▲ » fini comme un désenchantement, la mort imminente de l'être. Le 'Retour sur Terre' se fait accompagné de sonorités noise et bruitiste, languissantes et malsaines. Le retour de l'astronaute à sa condition d'homme est destructrice après avoir effleuré de façon mystique l'état quasi-divin de l'univers.

Spectrale nous livre une émanation de cet univers. La paix ne peut être atteinte que dans l'infinité du cosmos. Une paix qui prend toute son ampleur dans se voyage initiatique à travers les galaxies et les constellations. « ▲ » est une transcendance des styles mais aussi de notre condition. La musique devient un moyen de transcender son univers intérieur pour le faire résonner avec les infinités lumineuses du cosmos.

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Morgan

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