Live Report | Première Déclinaison Lypémaniaque, le 23/09/17 à Villeurbanne


Après un été riche en festivals extrêmes et en émotions fortes, la rentrée et son affluence de concerts frôlant l'indigestion se faisaient attendre. C'est Ondes Noires Atra Bilis, l'antenne Rhônalpine de l'association multi-régionale Française, qui a l'honneur d'ouvrir la saison Black Metal avec une affiche orientée DSBM qui tombe à point nommé en cette période de rentrée et d'automne naissant.
Prévue à l'Hôtel de la musique, salle pouvant accueillir une petite centaine de personnes, située à coté du périph Lyonnais, son charme cossu, ses prostituées et ses camps de Roms, la soirée s'annonçait dès le départ sous des auspices sombres et suintant la décadence.



La tête d'affiche de ce soir est le groupe Parisien Pensées Nocturnes, raison principale de la venue de la soixante dizaine de personne constituant le public (ce qui, étant donné la taille et le lieu de la salle, représente un petit paquet de monde, quand même), qui sont accompagnés du fameux projet Anus Mundi. Les deux groupes chargés des premières parties sont les Lillois d'Antilife ainsi que les locaux d'Ominous Shrine.

Après les salutations réglementaires à tous nos copains présents ce soir là, nous nous positionnons pour assister à la prestation d'Ominous Shrine


Ominous Shrine : Death Metal Occulte (Lyon)

Setlist
1. Intro 
2. V.I.T.R.I.O.L
3. Katabasis 
4. Stase 
5. Macrocosme 
6. Ascension Extatique 
7. Ain Soph Aur 

Caelwyd:
Premier groupe et si je puis dire "OVNI" de la soirée (étant les seuls à ne pas jouer de Black Metal), les Lyonnais d'Ominous Shrine sont chargés d'ouvrir la soirée avec leur Death Metal occulte et dissonant.
Si le projet m'était jusque là encore relativement inconnu (leur album Ο δρόμος της αποθεώσεως étant sorti le 1er Juillet dernier), les musiciens le sont un peu moins, étant issus de la fine fleur du metal extrême Lyonnais (Dysylumn, Malepeste, Aeon Patronist). 
Pendant une quarantaine de minutes, les quatre acolytes auront l'occasion de jouer en intégralité leur album.
Tous les grands poncifs du death occulte sont présents, que ce soient les rythmiques ronronnantes accordées en Si saupoudrées d'arpèges dissonants et malsains, les vocaux du chanteur Seb scandés depuis les profondeurs des abysses, Ominous Shrine nous plonge alors dans les tréfonds de l'esprit pour nous conduire à l'élévation spirituelle, une prestation sobre et carrée, mais non moins transcendante. 

"Chute! Via cette brèche
Chute! Via cette brèche 
Chute hors du monde de lumière 
Si tu souhaites monter, tu dois descendre Ainsi tombe le déchu A travers cette brèche"





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Antilife - Suicidal Black Metal (Lille) 

Setlist

1. Intro
2. Worms 
3. Tbilissi 
4. Bad Day
5. Welcome to My (Anti) Life 
6. Light Will take us All 
7. L'Hymne À La Mort 
8. Shoot In My fucking skull 
9. Melancolia 

Caelwyd:
Changement radical d'ambiance pour le second groupe de la soirée, après avoir été invités par les organisateurs à quitter la salle le temps de l'installation de la scène, nous pouvons rentrer dans un hôtel de la musique qui prendra l'allure d'une chambre mortuaire pendant l'heure de set des Lillois d'Antilife .

Ayant été au préalable teasés à bloc par le groupe et les organisateurs sur la violence de la prestation, les musiciens ayant prévu l'utilisation de leur propre sang à défaut des abats de porc habituelles (politique vegan de l'établissement oblige), l'attente et la curiosité autour du groupe étaient l'un des sujets de conversation du public durant l'entracte. 

Introduit par une musique mélancolique au piano ponctuée de pleurs d'enfants et de coups de feu dans le lointain, la joie et l'allégresse du public partiellement enivré en ce samedi soir d'Automne se tait peu à peu pour laisser place à la mélancolie et l'appréhension.
Les musiciens prennent place sur scènes, vêtus de haillons et souillés de sang (le leur ? ) et amorcent leur prestation, qui sera pour le moins déstabilisante (doux euphémisme) .
Musicalement, on a affaire à un Black Metal suicidaire aux passages tantôt rageurs et extatiques, comme l'extase que l'on éprouve à mutiler sa chair et à se détruire, tantôt mélancoliques et errants dans les limbes de la solitude, notamment "L'hymne à la mort", introduit par un extrait d'Edith Piaf, dont la nostalgie Franco Française cède vite la place au désespoir.
Cependant, que les amateurs de Black Dépressif à babtous calment leurs ardeurs, car le chant de Psycho, l'abominable chanteur de la formation, se rapproche plus du spectre vocal d'un Nattramn et consorts, ici, pas de tristesse niaise et sentimentale, pas de psychodrame, seulement la haine viscérale de soi et du monde qui nous entoure, uniquement les cris éraillés du schizophrène errant dans les catacombes . 

Cependant, c'est scéniquement que la prestation d'Antilife m'a véritablement marqué, outre le chanteur qui ne manque pas de descendre dans le public molester les pauvres malheureux qui s'étaient positionnés au premier rang pour assister à la performance dans les meilleures conditions (ou pour hurler les noms des groupes en quête d'attention), Psycho ne tardera pas non plus à se taillader le ventre à coups de rasoir et à frapper ses comparses lorsqu'il n'est pas occupé à hurler ses vocaux. 

En dehors de ce jeu de scène haineux et habité à souhait, le set sera ponctué de moments forts, plongeant le public dans un état proche de la terreur. Ainsi, Haine, le batteur, se lèvera de son siège au milieu de la performance pour scander sa rage au milieu des témoins de leur décadence.

"On m'a dit que tu aimais le sang ?Je suis Satan, tu es Satan, je suis Satan, tu es Satan!"

Psycho, quant à lui, ne sera pas en reste, se munissant d'un pistolet qu'il ne manquera pas de pointer sur sa tempe avant de tirer à plusieurs reprises (à blanc, heureusement, sinon je serais à l'heure actuelle quelque peu décédé) dans le public.

La performance autodestructrice du groupe atteindra son climax, quant à l'issue du dernier morceau, "Melancolia", le batteur du groupe rejoindra le public pour aller lyncher l'un des êtres humains perdus au premier rang, ce dernier ne manquant pas de le mettre à terre et de le rouer de coups, avant que Haine ne quitte la salle, agonisant mais non moins extatique à l'issue de sa prestation.
Dans un silence généralisé, chacun marqué à sa manière par la prestation à laquelle nous venons d'assister (incompréhension, malaise, fascination morbide), nous partons à l'extérieur attendre la prestation du troisième groupe.





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Anus Mundi - Black Metal (Paris)

Setlist


1 Les offrandes molles 
2 Traité de bave et d'éternité 
3 Hommage à Naomi Tani 
4 Je suis un soir d'été (Reprise de Jacques Brel) 
5 Bétail humain 
6 Le feu reviendra 
7 Impressions d'Afrique


Dopelord:
3, presque 4 années sans live pour les Parisiens d’Anus Mundi. Dotés d’un tout nouveau line up, il semblerait (et c’est ce qu’on va constater tout au long du set) qu’il n’y ait pas que le line up qui ait été revu. Terminé la scarification, l’esthétique sanglante et sombre du DSBM. 

Le set démarre sur un enregistrement d’un Louis Ferdinand Céline qui semble alcoolisé, et là : surprise. Terminés les riffs mélancoliques et viciés de « Les Heures Pâles ». A la place, on y retrouvera des compositions à la volonté bien plus efficace, affublées de blasts et breaks en tout genre, donnant une atmosphère beaucoup plus violente que névrosée.
Il est vrai que quand « Les Heures Pâles » fut pendant longtemps un de vos albums de chevet, ça fait un petit choc de voir qu’aucun titre de cet album ne paraisse sur la setlist. Mais on devine assez rapidement que c’est en raison du départ du compositeur en 2014 qu'un changement musical aussi drastique fut effectué, et que c’est également pour cela que les morceaux présentés par la formation sont totalement différents de ce que le groupe a enregistré jusqu’ici. 
Français, c’est l’adjectif qui me revient le plus en tête tout au long du set, alors que l’on verra défiler, entre deux morceaux, une reprise de Jacques Brel. Que dire de plus si ce n’est que ce fut pour moi une surprise certaine de voir Anus Mundi sous une toute nouvelle forme musicale ? 
Le set se termine comme on l’attend d’un set avec Vestal (également chanteur de Merrimack) au chant, c’est à dire avec un micro cabossé de coups crâniens, le pied de micro gisant devant la scène, projeté avant de quitter cette même scène d’une manière directe et sobre. Il est évident que la formation prenait la température avec ce set, pour voir comment rendaient les toutes nouvelles compositions, et l’on peut dire que ce fut appréciable. 
Bien plus violent, bien plus noir et direct, on a abandonné toute affiliation à la branche du DSBM, en occultant même cette voix si déformée et particulière que Vestal prenait sur les précédentes productions. Mais on oubliera tout de même pas le fameux « Hommage à Naomi Tani » qui fut pour moi un clin d’oeil à une époque désormais révolue. L’Anus Mondain est toujours aussi porté sur les vices, mais d’une manière bien plus différente. 

Il me tarde désormais de pouvoir poser mon oreille sur un enregistrement studio de ces nouveaux morceaux qui s’annoncent réellement révolutionnaires dans la carrière du groupe.






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Pensées Nocturnes - Néoclassical / Avant-Garde Black Metal (Paris)

Setlist:


1.Paria 
2.Le Marionnettiste
3.Rahu 
4.Monosis 
5.Deux bals dans la tête 
6.Le Sydrogine 
7.Les Yeux Boiteux

Caelwyd
C'est devant un public fébrile et déjà malmené durant toute la soirée, que le cirque maudit des Parisiens de Pensées Nocturnes s'apprête à prendre place. 
Introduits par "Paria", second morceau de Grotesque, second album du groupe, les applaudissements du public cèdent rapidement la place à la terreur issue des bas-fonds de la métropole puante qui sert de capitale à notre beau pays. 
Pensées Nocturnes, vêtus tels des clowns maudits, des artistes de cirque de la perversion, montent sur les planches du cabaret puant la 8.6 et la névrose qu'est l’Hôtel de la Musique ce soir !

Bien que classifiée "Black Metal", la musique du groupe est bien plus complexe que ça, piochant dans des ambiances de cabaret et les poncifs visuels et auditifs de l'univers néogothique des films des années 30 de la Hammer, le tout mis dans le contexte des ruelles purulentes et méphitiques des bas-fonds du Paris du siècle dernier.
Concrètement, cela s'exprime par l'utilisation de moult instruments, samplés ou réels, accordéon, thérémine (!!!!), trompette et porte voix sont au programme ce soir, le chanteur du groupe ne manquant pas de rejoindre le public y interpréter quelques solos de trompette au milieu de cette glorieuse assemblée.
Ce même chanteur qui nimbera la salle d'une mélancolie urbaine et décadente par ses ulululements mélancoliques et perturbés, bien loin des vociférations saturées du Black Metal traditionnel.
Le groupe se permet aussi quelques excentricités en live, l'une des raisons pour lesquelles la frange la plus krieg du public Black Metal ne les apprécie pas trop, notamment un passage reggae sur "Le Marionnettiste" inattendu mais bien intégré à l'affaire.

Pensées Nocturnes, c'est la naïveté et la nostalgie du Paris d'autre fois, frelatées au désespoir et à la purulence de la vie urbaine, des effluves d'absinthe et des hurlements de SDF ivres dans le lointain, Le Plus Grand Cabaret Névrosé du Monde ferme ses portes, rideau, et à bientôt ! 

"Dans tes beaux yeux boiteux je perds mon temps, malheureux
Et eux se croisent les bras le regard sur mes pas
Tes vastes yeux boiteux ne font pas rire qu'eux
Y a quand même pire que toi chez les sales filles de joie"





Crédit Photo: Lukas Guidet 


Un grand merci à Ondes Noire Atra Bilis, à qui on souhaite bonne chance dans les guerres à venir et à qui on souhaite moult dates de cet acabit dans notre région.
Avec pareille affiche, il est néanmoins dommage que l'association n'ait pas eu l'audience attendue. 
Malgré la présence de quelques personnes venues de loin, il faudrait qu'un jour le public intègre que sans lui, toute forme de représentation culturelle est condamnée à l'extinction.
Merci aussi aux groupes présents, à Egregor Records et Antiq Label, ainsi qu'a Lukas Guidet pour les photos de la soirée.





Commentaires

  1. Anonyme09:25

    Original le corpse paint de PN !
    Antilife semble très inspiré par Black sin.

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