Live Report | ARCHGOAT + BOLZER+ SVARTIDAUDI + EGGS OF GOMORRH | 02/10/2017 @Le Petit Bain, Paris


De retour dans la capitale en ce premier jour de la semaine pour assister à une des affiches que j’attendais le plus cette année, Archgoat, Bölzer, Svartidauði, Eggs of Gomorrh… Et pour cela direction le Petit Bain situé sur une péniche ancrée sur les quais de Seine, cadre idyllique pour profiter du beau temps parisien (semi sarcasme) et des amis en attendant l’ouverture des portes.
Ne connaissant pas cette salle, j’étais curieux de découvrir ce qu’un show Black Metal pouvait donner, surtout au niveau du son, c’est pourquoi sans plus tarder on a pris la direction des portes afin de découvrir sereinement cette « nouvelle » salle.


Il me tardait surtout de voir ce soir-là le groupe qui ouvrait, c’est-à-dire les suisses d’Eggs of Gomorrh. Pourquoi ? Car c’est la seule formation de la soirée que je n’avais encore pas eu l’occasion de voir mais que je connaissais par cœur étant grand fan du Black/Death de ces fous furieux adorateurs de War Metal ! On s’installe donc tranquillement dans la fosse clairsemée (comme trop souvent pour les groupes qui ouvrent), pour être aux premières loges. D’entrée, Eggs of Gomorrh nous assène une musique dénuée de toute forme de mélancolie ou autres trucs de hipsters en manque de sensibilité affective et qui sont effrayés par la musique brutale. Leurs compos se veulent hargneuses et crasseuses, ne laissant place à aucune pause ni temps morts. La stupéfaction gagne quelques-uns de mes acolytes qui se trouvent être agréablement surpris par la brutalité et leur prestation dès les premiers instants du show. D’ailleurs, les Suisses ne joueront que trois titres du premier mcd qu’ils avaient sorti (‘Lust of Murder’, ‘Goat inkvizitor’, ‘Ragi’), le reste du show sera une prestation agrémentée de nouveautés et d’une cover d’Arkhon Infaustus, ‘Brethren Of Flesh’ si je ne m’abuse, tirée du premier album Hell Injection. Il faut reconnaître que le groupe a une présence scénique efficace, un frontman au chant totalement dévoué à sa cause, n’échangeant pas avec le public, offrant ainsi une immersion encore plus totale et transmettant son énergie au public, un guitariste qui accompagnera le chanteur au travers de backings gutturaux qui apporteront un plus non négligeable, un bassiste carré et un batteur de folie. D’ailleurs, mention spéciale à lui tant sa prestation fut vraiment hors pair, un des points positifs du show, des blasts de folie enchaînés sans répits et qui auront sus nous détruire les cervicales. Rapide coup d’œil dans la salle qui s’est remplie tout comme la fosse qui a vu le public arriver et se mettre à headbanguer sur la musique furieuse des Suisses, chose qui fait plaisir tant le groupe aura su nous donné un show limpide, destructeur et complètement dément.

Petite pause histoire d’aller prendre l’air car mine de rien, il fait une chaleur assez pesante dans cette salle, même si à ce moment ça reste supportable. Direction le merch pour faire le plein et se procurer les EP exclusifs d’Archgoat et Svartidauði seulement disponibles sur la tournée, mais la mauvaise nouvelle est que Fed Ex n’a toujours pas livré les Archgoat, donc on l’a bien profond.




Tant pis, on s’en retourne dans la salle se consoler devant Svartidauði, groupe pour qui j’ai une affection toute particulière et qui me tardait de voir sur scène, et je ne suis pas le seul vu comme la salle s’est remplie. Me voilà installé pour profiter du Black Metal hypnotique de la bande de Reykjavík. D’entrée on se laisse immerger dans leur monde opaque et hermétique, et on change tout bonnement d’univers par rapport au premier show. On se retrouve face à une musique introspective, aidée par des artifices comme la fumée, rendant l’atmosphère plus mystique. J’avoue, le son est au poil mais quelque chose me gêne et m’empêche de m’immerger complètement dans le show : le manque de puissance de la musique. Toute l’ambiance instaurée par les compos, le jeu de scène etc… s’en retrouve atténuée, et après avoir échangé avec quelques amis le bilan est criant, beaucoup de personnes ont fait le même constat malheureusement et n’ont pu être entièrement conquises. Comme disait L. (qui aura vainement tenté de m’intoxiquer avec une réglisse au goudron de pin dégueulasse venue de Finlande), on sent qu’il y a quelque chose, mais ça ne décolle pas. C’est réellement dommage car le groupe nous aura livré une très bonne prestation, bien meilleure que la dernière que j’avais pu voir d’eux. Mais bon, je reste et tente de faire abstraction de ce "détail", profitant depuis la table de mix, car là plus moyen d’accéder au-devant de la scène tant le public s’est massé en nombre pour assister au rituel. Et quand bien même, le devant de la scène est squatté par les photographes…. Une bonne prestation des Islandais qui aura été desservie par un son en deçà de ce qu’ils méritent malheureusement.



Vient le tour maintenant de Bölzer, qui aura sorti l’année passée son premier album Hero, autant adulé par les uns que décrié par les autres. Personnellement j’adhère, et il me tardait de voir justement si ces nouvelles compos rendaient justice à l’univers de cet album en live. Tout comme pour Svartidauði la salle est pleine pour les suisses et à juste titre : un son idéal, une prestation pleine de mysticisme offerte par le duo qui aura une nouvelle fois démontré que ce n’est pas le nombre qui fait la force mais bien la qualité. La grande surprise de ce set est le chant clair d’Okoï parfaitement retranscrit en direct, exécuté sans aucunes fausses notes et chanté sans artifices aucuns, ne détruisant rien du charme qu’il apporte aux nouvelles compos. D’ailleurs, celles-ci ont la part belle sur la setlist, logique me direz-vous, mais pour autant le duo n’en n’oublie pas Aura ni Soma. L’ensemble s’imbrique parfaitement bien. Bölzer aura su donner un nouvel élan à sa musique, plus personnelle qu’avant, ce qui fait que le public se recueille devant le charisme incroyable du frontman géant. Contrairement à Eggs of Gomorrh où l’on sentait le public apathique et curieux, on ressent maintenant une foule dévouée et plongée religieusement dans le set. Je peux comprendre que leur nouveau virage musical puisse en déconcerter certains, mais force est de constater que si on enlève l’étiquette Black Metal (qui dérange certaines personnes, puisque apparemment tout est question de genre), le combo offre un show immersif et cathartique.

 
Là par contre ce n'est plus la même histoire, hors de question de ne pas être dans le pit devant la scène pour la légende Archgoat, que je vois enfin après les avoir loupés 3 fois tout en étant présent à leurs concerts… Là il est temps de passer aux choses sérieuses, on s’installe donc en famille dans la fosse, accompagné de S. et L. Un simple regard vers L. suffira pour que je comprenne que ce sera animé, on se débarrasse du superflu afin de pouvoir agir sereinement et laisser place au côté primitif qui sommeille en chacun de nous, révélé par la musique du combo finlandais. Un soundcheck rapide suffit au groupe, une courte intro et la magie démarre. Dès les premiers instants la recette fait mouche, sans tergiverser on se laisse prendre au jeu en se brisant les cervicales d’entrée de jeu. Cette musique bestiale nous transcende, bien que la fosse reste relativement statique sur les premiers titres malgré une foule massée devant la scène. Ce chant caverneux et ces rythmes infernaux s’emparent doucement d’une partie du public qui se montre de plus en plus réceptif, un rapide coup d’œil à mon comparse et l’alchimie opère : sans plus attendre le mouvement se met en marche et on commence à animer la fosse car après tout comme disait un groupe qui en son temps faisait office de vérité "Extreme music for extreme people", et force est de constater que la musique d’Archgoat s’y prête indubitablement. Comment résister ? D’autant plus que le son est impeccable, permettant une immersion totale dans l’univers des finlandais, qui nous auront asséné leurs classiques toujours aussi efficaces… Et bon, il faut rendre à César ce qui appartient à César, le charisme des deux frontman est impeccable, une prestance effroyable face à un public totalement hypnotisé et transcendé par le show. L’alternance des passages mid-tempo et des passages plus brutaux n’aura de cesse de nous mettre à genoux tout du long. Basique, primaire, gras, en fait Archgoat nous aura tout simplement offert un vrai concert de Black Metal lors de cette soirée mémorable. Il m’aura fallu être patient pour pouvoir assister correctement à l’un de leur concert, mais l’attente en valait la peine et je n’ai été nullement déçu.

D’ailleurs toute la soirée aura été une réussite complète ce soir-là, hormis le "soucis" de son avec Svartidauði. Généralement, trop attendre d’un concert peut entraîner de lourdes déceptions, mais pas ce soir là. Garmonbozia aura effectué un excellent travail sur cette date, tant dans le choix de la salle que dans l’organisation. Mais tiens que vois-je ? Des cartons sont en train d’être acheminés vers le stand de merch, on va se risquer à un dernier petit tour histoire de jeter un œil, sait-on jamais…. Ô joie, les EP d’Archgoat sont enfin arrivés, encore une fois avec ce groupe j’aurai du me montrer patient pour parvenir à mes fins.
En somme, une excellente soirée.

KhxS

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