Chronique | COWARDS - "Still" (EP, 2016)


Cowards - "Still" (EP, 2016)

Tracklist:

01. Still (Paris Most Nothing)
02. Let Go
03. Like Us
04. You Belong To Me
05. One Night In Any City

Extrait en écoute:


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Parmi les groupes de Hardcore, Cowards est certainement l'une des formations les plus extrémistes que notre scène française ait jamais connu. Même si les musiciens ne prétendent pas à l'originalité, on discerne tout de même une envie d'aller plus loin que les autres dans la fange et l'ironie, le chaos et la ruine que nous nous infligeons à plusieurs échelles. "Still", leur dernier EP en date paru fin 2016, continue d'esquisser le rictus du désespoir et du néant, sans prétendre changer quoique ce soit à leur démarche initiale. Au-delà de la forme, le fond reste le même et, croyez-moi, vous ne voulez pas, faute de le voir, ne serait-ce qu'en humer le parfum.

Même si on décèle une vraie progression pour ce qui est de la production depuis " Shooting Blanks And Pills", force est de constater que l'esprit pessimiste qui émane de leur imagerie et de leur musique demeure tout à fait le même, comme le suggère ce visuel signé Camille Blanchemain. Alors, prêt pour le grand saut, l'écrasement sur le goudron d'une capitale honnie? On perçoit déjà le son des os s'éclatant, tels un sac de glaçons, sur le sol pisseux.

De nouveau produit par Francis Caste aux studios Sainte-Marthe, "Still" s'inscrit dans la continuité de leur premier album studio, "Rise to Infamy", avec ce trio basse/batterie/larsens qui déchire les tympans, délivrant un groove imparable. À la fois incisif, influencé par le Sludge le plus  lourd et rampant, mais aussi le gras et le chaotique, cet EP de Cowards emprunte également aux harmonies du Black Metal, renforçant ainsi son aura sinistre et nihiliste.

Pas un rayon de lumière ne pénètre durant cette vingtaine de minutes éprouvantes, ce n'est pas le propos. Nous sommes condamnés à subir cette froideur urbaine, à se manger des murs de son râpeux, à vomir nos tripes sur le carrelage, avec en fond sonore les arpèges dissonants du morceau-titre. Le chant grumeleux auquel le groupe nous a habitués, contribue à maintenir nos têtes sous l'eau. 

L'ironie et la dérision transparaissent, comme toujours, dans les paroles, mais aussi les titres donnés aux morceaux. La reprise de 'Everybreath you Take' de The Police se voit rebaptisée 'You Belonged to Me', 'One Night in NYC' de The Horrorist (techno hardcore/EBM) est transformé en 'One Night in Any City'. Le concept de reprise est mis en cause par cette intention de rendre le tout à peine reconnaissable, et les Couards parisiens y arrivent sans trop de problèmes. Les morceaux étant avant tout choisis pour leurs paroles malsaines, l'ambiance choisie tient parfaitement la route et on se surprend à s'en étonner. 

Nous enfonçant toujours plus loin dans l'infâme, Cowards réussit à proposer un EP ultra dynamique, aux rythmes variés, tantôt massif, tantôt dans la confusion, mais toujours noir comme la suie, transpirant l'angoisse et les tendances autodestructrices qui s'ensuivent. Un CD à se procurer chez Deadlight Entertainment, Terrain Vague et Throatruiner. 


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T.

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