Chronique | ACHERONTAS - "Amarta अमर्त (Formulas Of Reptilian Unification II)" (Album, 2017)


Acherontas - "Amarta अमर्त (Formulas Of Reptilian Unification II)" (Album, 2017)

Tracklist:

01. Tablets Of Mercury
02. Schism Of Worlds
03. I-AM Ness - The Tradition Of EYE
04. Sopdet Denudata
05. Yesod Inversum
06. Rosa Andromeda
07. Savikalpa Samadhi
08. Amarta

Extrait en écoute:


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Le clan d'Acherontas, qui fête en cette année 2017 ses vingt années de révolte contre le monde moderne, nous invite à une nouvelle messe occulte dédiée aux traditions solaires, au noble art qu'est la sorcellerie lunaire et à l'éternel traditionalisme caractérisant l'univers du groupe hellénique.


Les musiciens nous ont habitués depuis la formation du groupe à de fortes thématiques teintées d'ésotérisme, et je dois l'avouer, c'est ce qui fait une grand part du charme du groupe pour ma part. Et cette fois-ci j'en ai pour mon argent, car le clan nous emportera en des contrées lointaines pour un dépaysement sous le signe du Divin.

Le voyage commence à nous emporter doucement avec l'introduction acoustique, quelque peu inattendue, aux sonorités orientales et mystiques qui reviendront par ailleurs plus tard dans l'album. Le morceau parle des tablettes de mercure, j'en déduis donc qu'il s'agit de tablettes rituelles dédiée à la gloire de Mercure, planète ayant une place importante dans la sorcellerie lunaire.

L'album commence en douceur et les ambiances qui nous sont accouchées par les riffs viennent s'installer une par une. Tel le serpent présent sur la belle couverture du disque, qui commence tout d'abord en finesse pour mieux nous amadouer, puis jusqu'à nous mordre et nous vider de tout notre sang. L'intensité des morceaux fait la force d'Acherontas, et pour cause, le cinquième prêtre oscille à merveille entre vocaux lancinants et torturés et hurlements caverneux à la gloire d'anciens dieux oubliés et déchus.

Les atmosphères communiquées par la musique nous transcendent et nous transportent en d'autres contrées, pour nous ouvrir aux mystères de cultes au savoir infini. C'est le cas par exemple du morceau 'Savikalpa Samadhi', qui comme son nom l'indique, parle de ce fameux terme propre à la philosophie indienne et boudhiste qui se définit de manière plurielle, représentant à la fois l'union, la totalité, l'achèvement, la mise en ordre, la concentration totale de l'esprit, la contemplation, l'absorption, l'extase ou encore l'enstase: la Méditation. Si nous parlons d'hindouisme, le Samadhi est le nom de la huitième et dernière étape de l'art extatique qui est le Raja yoga, qui est décrit dans le fameux texte du Yoga-sûtra, recueuil d'aphorismes et qui est aussi la base du système philosophique qu'on nomme aujourd'hui yoga. Cette étape représente le moment durant lequel l'esprit du yogi réalise la fameuse « réalité ultime ». Dans le bouddhisme, ce terme a deux acceptions, celle de la concentration et de l'établissement dans l'éveil.

L'album nous envoie aussi là ou la peau brûle et où les divinités victimes de l'abnégation des hommes, reposent et attendent avant leur grand retour, car 'Sopdet Denudata' traite cette fois-ci de la déesse Sopdet ou Sothis en grec. Dans l'Egypte ancienne, malgré tous les astres, les constellations et les étoiles découvertes et repérées dans le ciel, seuls quelques-uns ont été divinisés, comme notamment Rê et Thot (divinité par ailleurs aussi mentionnée dans le livret du CD, avec un extrait de la Table d'Emeraude, célèbre texte de la littérature alchimique et hermétique). Sothis en fait donc partie, car elle est en fait la personnification divine de l'étoile Sirius. Elle symbolise aussi l'arrivée de la crue annuelle du Nil, car celle-ci correspondait avant avec l'apparition de l'étoile en début juillet.

Des références kabablistiques sont aussi au programme avec la chanson Yesod Inversum, littéralement « l'inverse de Yesod ». Yesod est un sephiroth dans l'arbre de vie kabbalistique, situé en dessous d'Hod et de Netzach. Il peut-être vu comme le point de connexion entre une chose ou une condition à une autre. C'est aussi la fondation sur laquelle Dieu a construit le monde, selon les kabbalistes. Il sert également d'émetteur entre les sephirots d'en haut et la réalité ici-bas.

Le titre parlant de l'inverse, traite alors de Gamaliel, la sphère Qliphotique opposées à Yesod et qui est gouvernée par la célèbre Archidémon, Lilith.

Et pour finir le titre donnant son nom à l'album, 'Amarta' ou अमृत en sanskrit. Il s'agit donc d'une ode à l'Amrita, fameux nectar d'immortalité du monde indien. On peut le comparer à l'Ambroisie de la mythologie grecque. L'Amrita est la boisson des Deva, les dieux hindous, qui leur a donné le pouvoir de l'immortalité. En sanskrit, cela signifie littéralement « non-mort », ce que l'on peut traduire par « nectar d'immortalité ». Ce terme serait aussi utilisé dans les textes védiques pour décrire le soma, une plante et un breuvage rituel hallucinogène utilisé dans certains rites.

Il s'agirait d'une substance sécrétée par la glande pinéale, durant des phases de méditation profonde telle que le Samādhi, qui est lui, destiné aux humains. Malgré tout, les dieux de l'hindouisme ont aussi eu leur amrit.

De temps en temps, quelques mélodies, voir même quelques solos viennent s'ajouter à la musique très rythmée d'Acherontas, démontrant encore une fois le professionmalisme d'un groupe actif depuis maintenant 10 ans, enchaînant les splits, EP et autres rituels. Alors au final, l'album est-il à la hauteur du fameux clan ? Très probablement, il se veut aussi plus original de par quelques touches que ses prédécesseurs, les thèmes abordés sont variés et toujours aussi bien « théâtralisés ». Mais s'il fallait lui trouver un quelconque défaut, je ne retiens pas certains passages après l'écoute de l'album, pourtant le groupe nous avait habitué à plus entêtant, comme par exemple avec l'introduction de « Legacy Of Tiamat » qui continue encore à me hanter. Ce qui est sûr, c'est que rares sont les groupes faisant preuve de recherches lyriques et d'un art aussi maîtrisé qu'Acherontas, car écouter un album du groupe, c'est avant-tout une découverte de cultures et de mythes énigmatiques. Au fur et à mesure que les morceaux passent, l'état de transe auditive s'intensifie...



"The Straight Line of Simplicity is the Hardest Way of Enlightenment"

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Dorian



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