Ubikande - "EP. 1" (EP, 2015)
Tracklist :
1. Tidal Rave - 03:50
2. Glidescape - 03:03
3. Luseed - 04:35
4. Mother - 03:51
5. Jupiter - 02:17
6. Unconcreate - 04:21
Extrait en écoute:
"Mania" (EP, 2017)
Tracklist :
01. Totem - 03:31
02. Blackout - 04:37
03. Pavlov - 04:36
04. Saturne - 01:38
05. Follow'Er - 05:13
06. Panca - 06:02
07. Sable - 06:32
Extrait en écoute:
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Il
y a des groupes où l'écoute est si facile, où les émotions et la
musique qui les transporte nous touchent directement comme une
évidence. C'est avec ce genre de groupe que l'instant d'écrire à
son propos devient une tache aussi violente que se mettre à nu ou
encore expliquer pourquoi on sait que demain le soleil se lèvera.
C'est ma situation lorsque je suis devant mon écran à essayer de
vous dire pourquoi Ubikande est ce genre de groupe, et histoire de
corser le tout, cette chronique s’intéresse en même temps aux
deux EPs sortis par le groupe. Les deux faces d'une même pièce
sortie en 2015 pour le premier EP sobrement intitulé, « EP 1 » et
en 2017 pour « Mania ».
Mais
concrètement, que nous propose ce trio qui se définit comme 'Heavy
Coldwave' et dit tirer ses influences de la Coldwave, du Post-Punk et
du Shoegaze? Qu'est-ce qui fait que les mots que j'écris sont aussi
compliqués et que j'en arrive à vous parler des influences
revendiquées par le groupe ? Et bien c'est que dès le premier
morceau de « EP. 1 » les influences sont aussi denses que tout ce
que la formation propose au sein de ses deux EP. Chaque morceau a
effectivement une structure similaire possible grâce aux influences
susnommées, mais d'autres éléments viennent s'y calquer et donnent
au tout une ambiance particulière. 'Tidal Rave' qui ouvre donc cette
première facette propose un rythme froid et électronique qui se
rapproche plus de la musique 8 Bits des jeux vidéos que de la boite
à rythme typée Coldwave. C'est un peu se balader dans Castlevania
mais dans les rues sombres des années 70's, avec le froid et
l'angoisse martelés par le 8 Bits. Le groupe met en œuvre de
nombreux éléments pour nous faire se sentir oppressé, toujours en
jouant sur la répétition des rythmes et le calme apparent de la
voix profonde, les rythmes devenant des rites d'angoisse et
d'obscurité. La voix et les guitares éthérées jouent avec le
paraître, avec un insaisissable mur de brume, un paysage sonore
impalpable et immatériel qui s’efface dès que notre esprit se
raccroche à des éléments récurrents. Le tout crée une suave
obscurité, diaphane et nébuleuse. Ubikande réussit ce tour de
force en piochant dans le Black Metal comme sur 'Mother' ou 'Lussed'
- ce dernier se permettant même un clin-d’œil aux Rolling Stones et
son cultissime '(I Can't Get No) Satisfaction' - avec ses riffs
lourds et sombres et la boite à rythme qui rappelle les blasts, mais
aussi l’Électro Noise pour 'Jupiter' allant jusqu'à l'industriel
sur 'Unconcreate'.
Ubikande
se plonge dans tout ce que la musique a de plus obscur et de froid à
offrir, sans barrière de style, au risque de se noyer. Mais non,
l'alchimie se fait grâce à la Coldwave et le Shoegaze qui restent
prédominants, et à la voix qui nous accompagne dans ces chemins
obscurs et glacés. Ce dernier, parfois poussif, cherche de temps en
temps sa place dans cette combinaison de genres et d'influences qui
font l’identité du groupe. C'est après avoir pris ses marques et
avec « Mania » que la Coldwave d'Ubikande prend une nouvelle
ampleur.
'Totem'
ouvre de façon totalement onirique ce nouveau chapitre. Le chant
trouve ses marques entre Depressive Rock voire même Black sur
certains passages, plus languissant. Les intonations nous
transportent dans un monde chimérique et vaporeux. La frontière
entre réel et rêve du Shoegaze présent sur le premier EP se fait
plus flou. La voix devient l’élément central de ce voyage aux
limites de la transe, comme sur 'Blackout' où elle se fait plus
lointaine et disparaît pour faire place à une musique éthérée et
claire. Mais le chant revient aussi inéluctable que les parties
Noises, symbole de la souffrance de ce parcours aux lisières de
l’aliénation. 'Pavlo' et 'Saturne' avec leurs guitares
grésillantes, leurs crashs Noise, le tout soutenu par une voix plus
narrée que chantée illustre bien cette volonté de jouer et
transposer l'auditeur. Cette volonté est possible grâce à la
maîtrise des éléments déjà expérimentés dans le précédent
opus et qui trouvent ici naturellement leur place comme les nombreuse
têtes de l'Hydre. Chaque tête étant une influence, un élément,
mais toutes se retrouvent sur le même corps, ici musical. Lorsque
l'on accroche un élément, une influence, une autre paraît. À
l'image de cette créature chimérique la musique d'Ubikande est à
la fois facilement identifiable mais difficilement saisissable. Nous
pourrions parler de l'influence Drone / Doom de 'Panca' ou Dream Pop
de 'Sable', mais il faudrait tout reprendre, décortiquer chaque
morceaux, à chaque nouvelle écoute.
Au
final, prendre les deux EPs, c'est s'intéresser à l'évolution du
groupe sur deux ans. Voir comment les expérimentations du premier EP
prennent toute leur plénitude, pour devenir une musique complète. La musique d'Ubikande est totale, remplie de tout ce qui
traverse l'esprit des musiciens. Le tout s'exprime musicalement par
l'utilisation complexe de nombreuses influences. Dépasser les
barrières musicales n'est même plus un jeu, les atmosphères,
Black, Doom, Drone / Noise, sont aussi naturelles que celle de la
Coldwave et du Post-Punk qui créent la structure de la personnalité
d'Ubikande.
Le
premier EP est comme le prologue de ce qu'annonce « Mania », et
dans cette idée j'ai hâte de découvrir le prochain chapitre
d'Ubikande, et comment ils se joueront de la noirceur et de la
lumière.
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Morgan
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