Chronique | KLYMT - "What I Owe To Savages" (Album, 2016)


Klymt - "What I Owe To Savages" (Album, 2016)

Tracklist:

01. Am I Getting Sober?
02. Savages
03. Ice
04. Trumpets Are Dead
05. What's the Hell Are They Building There?
06. Dark Youth
07. Three
08. Summer Is Gone
09. Workshop Still Radiates

Extrait en écoute:


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Venu de la ville normande de Rouen, Klymt est un projet hétéroclite associant des éléments aussi disparates que la Cold wave, la Noise et le Metal dans un mélange déroutant et hallucinogène. Une sphère musicale unique nous attend sur "What I owe to savages", troisième méfait des musiciens quatre ans après "Hear the chief moo downtown".

La pochette laisse présager le sentiment d'étrangeté, hypnotisant, qui s'apprête à nous traverser à l'écoute de ces neuf nouveaux morceaux de durées assez égales, entre trois et quatre minutes chacun, sortis sous la bannière d'Anesthetize Productions en fin d'année dernière. Une chose est claire, le groupe propose une musique originale et inventive, qui fait du neuf avec du vieux, recyclant les vieux outils pour faire naitre un véritable Frankenstein du rock.

Première impression, 'Am I Getting Sober' et son côté totalement batcave, barré, qui se dissipe dans les nappes de clavier hantées avant de nous happer dans les méandres de ses riffs chaotiques. Trois moments successifs qui tendent à résumer ce à quoi nous convie Klymt dans son exploration sonore: une version psychédélique du goth rock aux influences stoner et cold wave, particulièrement présentes dans 'Savages' et son riff d'ouverture à la fois lourd et froid. À cette écoute, on imagine aisément un Bauhaus qui a abusé sur les acides (la formation britannique étant emblématique de cette appétit pour les expérimentations de toutes sortes). Ce caractère hypnotique atteint son point culminant dans le morceau 'Trumpets Are Dead', où les synthés psychédéliques et hallucinés côtoient les murs froids des riffs de guitare et des hurlements empreints de panique et de folie. On est souvent surpris par les coupures volontaires entre ces plages opposées, mais cela ne rend le titre que plus intéressant et dynamique.

Pluriel mais cohérent, cet album est pour autant assez accessible et parlera à un auditoire assez large parmi un public exigeant en terme de qualité. Le morceau qui m'a paru le plus réussi reste 'What's the hell are they building in there?', convoquant de nombreuses émotions et musicalement extrêmement riche et dense, avec ces cuivres rajoutés en fin de piste aux claviers typés seventies qui donnent à la musique une aura solennelle voire nostalgique.

Au final, Klymt propose un album très mature, avec des compositions variées, intéressantes qui ne sacrifient pas l'efficacité, bien au contraire. On prend bien du plaisir à décortiquer ce second opus, qui décontenance un peu au début par ses expérimentations manifestes, sans pour autant rebuter l'auditeur. Tantôt spectral, chaotique, et fantasmatique, "What I owe to savages" est un inclassable de cette scène rouennaise en plein développement. Commandez-le sur le Bandcamp du label !

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T.




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