Live Report | Amenra/Syndrome/CHVE (acoustic tour) 2017 le 16/02 @ Salle Flore, Hotel de ville (Dijon)



Se motiver pour aller à Dijon, capitale des Ducs, qui se trouve à environ une heure de route, voilà ce qui a été le plus dur ce soir, compte tenu de la faune locale et du manque d’intérêt que j’éprouve pour elle, et cette soirée m’aura en partie donné raison encore.

Mais bon, ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de voir Amenra et CHVE accompagnés de Syndrome en live acoustique dans l’hôtel de ville de la « capitale », l’effort en valait vraiment la peine. Mon dernier "gros" concert à Dijon remontait à Vader il y a quelques années, je ne garde pas que des bons souvenirs de cette ville pour les concerts, mais la censure m’oblige à passer ces détails. Dijon ville maudite ? Malgré les appréhensions j’étais impatient de voir le résultat de cette soirée qui s’annonçait unique.


Une fois arrivé sur place, j’ai la chance de retrouver quelques habitués et des amis, ce qui permet d' estomper l’appréhension de la soirée. Rendez-vous au premier étage dans une pièce annexe pouvant accueillir 150 personnes, un parterre de chaises est installé, concert acoustique oblige. Mais l’idée de m’assoir à un concert m’emmerde, du coup, direction le fond de la salle, au décorum agréable, parsemée de moulures au plafond, nous rappelant où nous nous trouvons.


Le premier groupe à monter sur scène est CHVE, projet solo du leader d’Amenra, une sorte de Dark/folk prenante et envoûtante, après l’écoute sur spotify, j’étais curieux de voir le rendu sur scène, car il faut bien le reconnaitre, c’est le genre de groupes qui doit être accompagné d’une atmosphère particulière pour pouvoir s’en imprégner. 

Un seul titre sera joué ce soir-là, ‘Rasa’ tiré de l’EP éponyme. Tout commence dans la pénombre, Colin, seul sur scène ne faisant pas face au public, s’immergeant dans son univers accompagné de ses deux instruments, son hurdy gurdy (instrument médiéval) et de sa voix, qui reste son instrument principal. Petit à petit, dans la pénombre on voit naitre une flamme, car tout le concert sera accompagné par des vidéos projetées sur un mur faisant face au public, permettant ainsi de mettre en image chaque musique de chaque groupe. 

Pour CHVE, ça sera ce feu de camp qui tout du long de ces trente minutes ne cessera de grandir pour aller mourir dans la noirceur de l’aurore qui laissera place à la levée du jour, des ténèbres à la lumière, voilà comment qualifier ce show.

La voix de Colin n’aura cessé de me charmer ce soir-là, découvrant un artiste émouvant partageant avec nous un univers intimiste. L’ennui ne se fait point sentir, c’était ma réelle peur suite à l’écoute de l’EP, car comme dit plus haut, il faut une certaine atmosphère pour pouvoir pleinement se laisser aller. D’autant plus qu’on ne connait aucune interruption entre les deux shows puisque Mathieu Vandekerckhove de Syndrome rejoint Colin dans les derniers instants du show afin de l’accompagner avec sa guitare, là où CHVE termine Syndrome commence dans une symbiose parfaite.



Tout est fait dans la continuité et fluidité, à l’instar de CHVE, Syndrome ne joue pas face au public, rendant lui aussi sa musique plus intimiste. L’ambiance se veut différente de celle de son prédécesseur, le projet évoluant entre drone et post-rock, et offrant une musique mélancolique, planante empreinte d’une beauté morbide. 

Lui aussi voit sa musique accompagnée de vidéo, à contrario de CHVE, ça n’est pas sous forme d’un court métrage, mais plutôt des images mises bout à bout permettant ainsi de refléter chacune des émotions dégagées par sa musique. Cela nous permet de suivre le schéma, du moins les idées retranscrites évoquées au travers de sa musique. Tantôt lancinant de par ses passages drone tantôt mélancolique, Syndrome vous fait voyager au cœur d’une introspection le temps de ses trente minute de prestations durant lesquelles on peut contempler la beauté fragile de ses mélodies. 

Ce projet m’était totalement inconnu, ce fût une découverte agréable, mais qui n’aura pas su autant me charmer que son prédécesseur, sans pour autant remettre en cause la qualité de sa prestation qui fut émouvante. Le genre de musique qu’il m’est plus facile d’appréhender seul.

Petit aparté, est venu le temps de la pause, Amenra ne jouant que dans quelques minutes, il est temps d’aller fumer la clope et de s’éloigner un peu de la faune locale qui aura su quelque peu gâcher les deux premier show. Car bien sûr ce fût gâché par un branleur qui n’aura de cesse de parler à voix hautes à sa nana et par deux dindes gloussant en compagnie de leurs compagnons de soirée tout aussi mal éduqués (qui finiront par s’endormir par terre, partagés entre fatigue et alcool, se réveillant à la fin du show en applaudissant après en avoir gâché une partie). Il est effarant de devoir rappeler à l’ordre des gens qui gâchent un tel moment, bienvenue à Dijon ! Au moins ça aura servi à quelque chose puisqu'après coup ils ont fait silence.


Ce n’est pas tout, après avoir fait plus ample connaissance avec "Robert" à l’extérieur et avoir discuté avec les responsables du concert (que je tiens à remercier par la qualité du show et d’avoir organisé celui-ci dans un tel lieu) il est temps d’aller prendre place pour profiter au mieux de la tête d’affiche. Ma curiosité de voir le groupe en acoustique étant la principale raison de ma présence.


Dès les premiers instants on se retrouve immergé dans l’univers du groupe, aucune surprise, que ce soit acoustique ou bien électrique, la magie opère irrémédiablement, les artistes dégageant une osmose parfaite, le tout accompagné du logo de la « Church of Ra » projeté face à nous, afin de nous rappeler qui sont les maîtres. La sobriété est le maitre mot de ce show, je n’en attendais pas moins, nul besoin d’artifices quand le travail effectué en amont est de qualité. 
La voix cristalline de Colin couplée à la musique remplie d’émotion du groupe permet une immersion totale dans un univers à fleur de peau, un univers qui m’est inconnu, étant habitué à la brutalité primaire et bestiale. 

Le tour de force d’Amenra est justement, malgré cette sensibilité, de ne pas offrir un show qui tourne à une prestation douce et romantique, car à travers ce chant éthéré et cette musique mélodique, transparaissent toute la noirceur, la douleur qui émergent de l’univers dans lequel ils évoluent.


Mais vraiment le point central de cette prestation reste la voix, d’une justesse remarquable (ce qui n’est pas toujours le cas maintenant avec tous les arrangements studios), qui saura retranscrire un panel d’émotions tantôt touchant de par sa beauté, tantôt blessant de par sa mélancolie. Malgré ce côté acoustique et calme on ne peut pas omettre le côté abrasif du groupe, comme quoi il n’est pas la peine de faire du bruit pour faire ressentir la douleur. 

A un moment, je me suis même surpris à trouver des similitudes avec la voix de Maynard James Keenan de Tool, jusqu’à ce que je comprenne que le groupe était en train de reprendre ‘Parabol’ tirée de l’album "Lateralus", pierre angulaire de la discographie de Tool. Colin retranscrit à la perfection les émotions dégagées par cette chanson, rendant un réel hommage à l’originale, un choix pertinent, sobre et approprié auquel je ne m’attendais absolument pas. 

D’ailleurs lors de ce show, le groupe effectuera une seconde reprise, celle d’un chant flamand traditionnel qui, à la vue des réactions, a surpris le public, d’ailleurs ça sera le seul moment où le groupe interagira avec le dit public. Hélas, je n’ai pas retenu le nom de cette chanson, navré, moi et le flamand ça fait deux. 

Pour ce show, le groupe ne diffusera qu’une seule vidéo, rompant le rituel instauré par la diffusion du logo et, à contrario de ses prédécesseurs, je fus moins subjugué, je préférais l’emprise qu’avait le logo, la musique du groupe se suffisant à elle-même.


Le bilan de la soirée reste totalement positif malgré les quelques anicroches qui sont régulières à tous les spectacles, l’éducation est à revoir chez certains. Mais pour une ville comme Dijon, dans un lieu comme la mairie, il fallait oser le faire, même si c’était à travers l’égide d’un festival. Le lieu a donné une dimension supplémentaire à cette soirée, j’espère que l’association de « La Vapeur » aura l’occasion de réitérer ce genre de prestation qui fait cruellement défaut à notre région, surtout dans la capitale des Ducs où le potentiel est là pour offrir au public des concerts de choix. Et je tenais aussi à remercier Sebastian Welhaven pour les photos, qui vous permettent de mieux vous immerger.


KhxS

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