Chronique - VENENUM - "Trance of Death" (Album, 2017)


Venenum - "Trance of Death" (Album, 2017)

Tracklist:

01. Entrance
02. Merging Nebular Drapes
03. The Nature of the Ground
04. Cold Threat
05. Trance of Death Part I - Reflections
06. Trance of Death Part II - Metanola Journey
07. Trance of Death Part III - There Are Other Worlds…

Extrait en écoute:

 
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Après un premier EP datant de 2011, les Allemands de Venenum (Death Metal) sont de retour avec la sortie de leur tout premier album "Trance of Death" chez Sepulchral Voice Records. Le groupe, très attendu, nous fait découvrir sa nouvelle trajectoire assez surprenante !


Dans un premier EP réussi et acclamé ("Venenum" – 2011), le groupe avait réussi à développer une ambiance caverneuse, underground, grondante et aux riffs détraqués et décalés. Un death dynamique sorti d'outre tombe mais surtout très teinté d'old school dans le son et la production. Les riffs emportés et les soli étaient alors jouissifs. Brillant, efficace, et très bien composé, le groupe avait alors fait forte impression, nous attendions donc la suite au pied levé. Dans son nouvel album, intitulé 'Trance of Death', le groupe nous propose encore une fois (et de manière réussie) un death efficace, ponctué de passages acoustiques, avec un développement poussé de l'atmosphère, rien n'étant laissé au hasard. Soli endiablés, riffs massifs et savamment composés pour nous entraîner dans un tourbillon de death d'une extrême qualité, voilà la ligne de conduite du groupe, qui ralliera autant les amateurs de death que de black metal.

Cependant, bien que les éléments soient là, le groupe a perdu un peu en sa capacité à surprendre et à entraîner l'auditeur. Même si sa recette reste de loin la même, 'Trance of Death' souffre d'une redondance et de riffs bien trop attendus et entendus.

Le CD s'ouvre sur une piste instrumentale, 'Entrance', mélodie lugubre au violoncelle et piano qui nous fait penser à une ambiance à la 'The Witch' (Film - Robert Eggers, 2016)... ambiance acoustique des plus délectables et mélancoliques donc, parfaite pour commencer. Nous entrons ensuite dans le vif du sujet avec le second morceau, qui nous sert un riff des plus dynamique et prenant, comme on a déjà pu en entendre sur le premier EP. Une composition alternant moments calmes et tourbillons ultra rapides, dans laquelle les Allemands sont vraiment efficaces car les riffs et mélodies restent bien ancrés en tête après écoute. On peut également saluer le travail sur la voix, qui n'est pas aussi crasseuse que sur le premier EP, mais un peu plus cadrée et linéaire, ayant gardée toute sa hargne mais donc un peu perdu de sa spontanéité et de sa véhémence. Comme sur le premier EP, les morceaux sont très variés pour notre plus grand plaisir, passant rapidement d'une ambiance endiablée à une ambiance plus posée et maîtrisée, de solis ravageurs (sur 'Merging Nebular Drapes' notamment …) à des guitares aux accords plus hypnotiques et tirant vers le black. Le groupe a évolué durant ces 6 années, et leur musique s'en trouve beaucoup plus maîtrisée mais aussi de ce fait un peu moins old school et étonnante qu'auparavant.

'The Nature of the Ground' nous assène un peu plus de haine, avec un riff principal des plus inspirés, ainsi qu'un riff secondaire hypnotique et transcendant. Sur ce morceau, Venenum fait preuve d'une énergie parfaite et d'une composition soignée où tout tombe au bon moment, nous emportant dans le tourbillon que forme la musique du groupe. Morceau le plus développé de l'album (et donc le favori pour ma part), rien ne pourra ensuite venir le supplanter, notamment en terme de dynamisme, de rapidité dans les riffs ainsi que d'atmosphère. La voix décolle littéralement, dans des échos brumeux et caverneux. La composition est également rafraîchissante, avec l'intégration d'une petite pause en milieu de morceau, comme pour marquer un temps de respiration afin de repartir de plus belle dans une chevauchée de guitares épiques !

'Cold Threat' faisant suite à cet élan appréciable, est un morceau plus calme, plus posé, et un peu en-deçà de la qualité à laquelle nous avait habitué le groupe... avec des successions de riffs plutôt basiques, succédant à une ballade assez reposante mais elle aussi manquant d'un brin d'originalité. Une suite logique et un peu décevante donc, mais dans laquelle le groupe semble vouloir s'épanouir et se développer.

Les trois derniers morceaux, regroupés sous l'appellation 'Trance of Death' ('Part I- Reflections', 'Part II - Metanola Journey', 'Part III - There Are Other Worlds…'), forment un ensemble complet pour décrire une sorte d'ascension à laquelle nous invite le groupe. Formés autour d'un récit sur ce que nous pouvons trouver au sein de la transe qu'est la mort justement, ces trois morceaux se succèdent avec un naturel rondement mené, et déploient une ambiance particulière sur un total de 26 minutes. Là le groupe arrive à développer une ambiance poussée et très maîtrisée de tréfonds de la terre. La basse très présente assure un support sans faille aux guitares hallucinées qui dominent les compositions, et mène par moment même la danse, pour le plaisir des oreilles. Les riffs sont très mélodiques et cadencés (ébranlant par moments nos oreilles de notes jouissives, comme sur 'Part I - Reflections') . 'Part II - Metanola Journey' viendra donner un côté beaucoup plus calme et moins metal, dans un long passage très groovy avec une guitare à la limite du jazz (il ne manque plus que les chorus...) et un clavier évangélique rappelant une atmosphère des années 70. Les diverses influences et expérimentations sont donc toujours de la partie, même si elles s'avèrent très différentes de celles essayées sur l'EP de 2011.

'Part III - There Are Other Worlds...' , ponctué de ruptures intéressantes dans le rythme, marque un travail sur le son avec des alternances calme / rapide, endiablé / doux. Encore une fois les soli sont très inspirés, groovy, travaillés et on sent que le groupe prend du plaisir à varier. À 4min 30 cependant, le morceau prend une trajectoire qui rompt avec le reste, une dimension dramatique et mélancolique beaucoup plus plaisante je dois avouer à l'écoute (pour les amateurs de death.... qui n'apprécient pas plus que ça le virage groovy). Une descente est alors entamée, sur fond de claviers aux accents toujours un peu 70's (nous nous croyons parfois dans un Dario Argento, ce qui tranche directement avec la sobriété minimaliste du morceau d'introduction à l'album). D'ailleurs, comme échos au morceau d'introduction, les guitares en reprennent les notes, dans un riff énervé et répétitif, pour clore en beauté un album qui aura su briller par sa diversité, ses expérimentations et changements de rythmes (prouvant une maîtrise technique bien développée par le groupe), sa clarté et des solis toujours aussi endiablés. Bien que marqué par un petit manque d'originalité et une sortie du son old school qui nous faisaient plaisir sur le premier EP, Venenum a pris une trajectoire intéressante, à suivre sur les prochaines productions.


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ExC





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