Chronique | OLD TOWER - "Spectral Horizons" (Démo, 2016)


Old Tower - "Spectral Horizons" (Démo, 2016)

Tracklist:

01. Spectral Horizons
02. A Fortress of Sorrow

Extrait en écoute:


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Aujourd'hui, je souhaite vous parler de "Spectral Horizons", la dernière démo à ce jour d'Old Tower. Avant tout, qu'est-ce que c'est Old Tower ? C'est le projet du solitaire Specter, originaire des Pays-Bas. Cet artiste opère dans un dungeon synth « in the tradition of the old masters », comme il sait bien le préciser, et si ce projet n'est pas dans toutes les têtes, c'est pourtant bien une des flèches montantes du genre.

Après la sortie en 2015 de deux splits et deux démos (étant tous compilés sur "Remembrance of the Lone Enclave" sorti chez Out of Season, tous les liens sont en fin de chronique), the Specter revient avec une troisième démo intitulée "Spectral Horizons", en 2016. Limitée tout d'abord à une centaine d'exemplaires chez Shunned House, elle se voit la même année rééditée chez le label québecois Tour de garde. Oui oui, vous avez bien compris, c'est sur le label qui a vu défiler Drowning the Light, Satanic Warmaster ou encore Glaciation que la carrière d'Old Tower continue et croît, après seulement deux ans d’existence. Actuellement, the rise of the Specter, son premier album, vient de sortir. Pourquoi chroniquerais-je une demo sorti plus tôt quand il y a matière à chroniquer l'actualité de ce même artiste ? Vous me direz. Je n'ai pour l'instant pas les moyens de me procurer l'album ? Très certainement. Mais il y a autre chose, de bien plus pertinent, et de bien plus beau. Cette démo est pour moi plus qu'une simple découverte, plus qu'un coup de coeur, c'est une expérience. C'est la sortie qui vous fait aimer le genre. Donc si vous venez chercher du rêve, l'envie d'écouter une œuvre nouvelle, bienvenue.



"Spectral Horizons" est composé de deux pistes. D'abord le titre éponyme, puis vient 'A Fortress Of Sorrow'. Seuls quelques percussions et un sample d'orage viennent trancher ces mélodies créées simplement au synthé. La démo dure vingt minutes, et c'est bien suffisant pour nous faire voyager entre les ruines les plus sordides, et les bois les plus calmes, pour une introspection totale. Si un album sans rythme prononcé peut me lasser rapidement en général, là, nous avons un très bon timing (allez, on aurait pu aller jusqu'à une demi heure tout de même). On ne reste pas totalement sur notre faim et on ne part pas non plus de la musique. Malgré le fait que la musique soit minimaliste, rien n'est laissé au hasard. Tout est souhaité, et assumé. Les claviers ont un timbre qui me rappelle les premiers Mortiis. Pas mal de reverb dans l'ensemble, pour ajouter ce côté grandiose à l’œuvre, non sans imiter celui de la nature elle-même.

Rien de très original me direz-vous. Mais qu'est-ce que cette démo est envoûtante ! Les mélodies et accords prennent aux tripes, le côté très répétitif est totalement justifié. Le tout se veut psalmodique, avec des mélodies qui restent en boucle, qui travaillent nos esprit, qui nous transportent là où elles le souhaitent. Cette sortie est tout à fait comparable à "Panzerfaust" de Darkthrone par exemple. Mêmes ambitions, des techniques  très similaires pour y parvenir (vieux matos d'enregistrement, visuels primitifs…) , et un résultat au final excellent. Seul, la violence pour l'un, et le calme pour l'autre diffèrent. C'est là que l'on se rend compte à quel point ces deux genres que sont le TNBM des années 90 et le dungeon synth old school se caractérisent par des démarches similaires dans le fond. Le dark ambient aussi a tout à fait sa place dans ces musiques faites pour voyages dans les recoins les plus sombres, avec Burzum tentant de retranscrire les ambiances de donjon qu'il chérissait tant, ou la noise encore (checkez l'album totalement fou "Antitrinity" de Darkness Enshroud tant que vous y êtes). On retrouve les mêmes centres d'intérêts avec le jeu de rôle, tout ce qui se rapproche du médiéval-fantastique ou encore des atmosphères affiliées au romantisme. Bref, je diverge, revenons à nos moutons. Pour moi, voici ce qu'est "Spectral Horizons":



Cette œuvre me fait partir loin de chez moi. A travers nos campagnes. Au cœur d'une nature primitive et étendu. Une forêt, sans trace d'un quelconque Homme moderne. Un endroit où le soleil ne brille pas, où il n'est reflété que par des astres grandioses. Une nuit.

J'erre, la flamme dans une main. Je ne sais pas pourquoi, et je ne cherche pas à savoir. Je ne suis pas vraiment. Je pense seulement. Je pense à moi, à tout, à rien. 
Sur mon chemin non tracé, à travers les pins, la mousse verte et les racines acérées, une ruine. Un mur, deux murs. Une fondation. Au milieu de l'un des murs, une voûte, dont la porte a été arraché, ou a pourri. Une chapelle ayant succombé au temps je pense. Sûrement, oui. Les cendres restantes d'un ancien feu de camp se tiennent ici. Certainement allumé par quelques esprits, du moins je l'espère. Là, je me tiens. Je ne sais combien de temps. La nuit est incessante. Je me sens chez moi 
ici. Je suis calme, reposé, en paix. Je me sens bien.


On est ici dans une forme de romantisme en quelque sorte (je parle du registre artistique). Ce rapport entre la vie et la mort, ce lien puissant avec la nature et les ruines, une atmosphère des plus soignées. Chaque caractéristique du registre y est ! C'est une forme de renouveau du romantisme musical pour moi. Et c'est tant mieux.



Je crois que tout est dit. Je vous laisse, je dois partir, torche à la main, à la recherche de mes racines. Tout fan d’expérience musicale nouvelle devrait s'y pencher, et ceux qui connaissent bien le genre savent de quoi je parle.




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Blackwings



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