Kawir - "Πάτερ Ηλιε Μήτερ Σελάνα" (Album, 2016)
Tracklist:
01.
To the Sovereign Sun
02.
Dionysus
03.
Hercules Enraged
04.
To Diouscuri
05.
To Mother Moon
06.
Hail To The Three Shaped Goddess
07.
The Taurian Artemis
08.
The Descent of Persephone
Extrait en écoute:
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La première piste « Εις βασιλέα Ήλιον » (To the Sovereign Sun) est un titre dédié à Hélios lui-même, glorifiant son éclat immortel. Introduit par un instrument traditionnel à cordes et le tintement de clochettes suivi de flûte, le morceau démarre sur un rythme enthousiaste reprenant la mélodie initiée à la flûte. Le chant hargneux caractéristique du groupe vient lui aussi rapidement se juxtaposer sur le titre, la batterie quant à elle garde un rythme soutenu de double-kick avec une montée de toms régulière. «Διόνυσος » (Dionysus) est un morceau consacré à Dionysos, dieu dont l'affaire est entre autres celle de la vigne, de la fête ainsi que de l'excès. Dans une approche plutôt folklorique, ce morceau est introduit par des instruments traditionnels comme nous avons pu entendre sur le morceau précédent. La flûte donnera notamment l'air principal qui sera ensuite repris par la guitare, celui-ci est plutôt répétitif mais correspond bien à la dimension cérémonielle et enivrante du morceau. On remarquera aussi la nature très mélodique de ce titre et ses chœurs enfiévrés.
Un changement d'ambiance survient alors dès la troisième piste «Ηρακλής μαινόμενος »
(Hercules Enraged) qui traite de la colère d'Héraclès, un morceau donc au rythme globalement
soutenu et plus vénère dans sa seconde partie introduite par un riff particulièrement massif précédé
d'incantations. Les passages mid-tempo du morceaux mettent quant à eux en relief la dimension
épique de la chanson, on a ici affaire à une épopée qui nous est contée comme si un aède avait
développé des goûts pour la musique extrême. «To Dioscuri » (Εις Διόσκουρους) commence par un
sample évoquant la rage d'une bataille ou l'on entend chevaux lancés au galop, le fracas de l'acier
sur l'acier (en fait non, les anciens grecs possédaient un armement en bronze essentiellement), le
hurlement des hommes et autres joyeusetés de la guerre. Ce morceau est dédié aux Dioscures, c'est
à dire les frères (jumeaux, de plus est) Castor et Pollux, fils de Zeus et Léda, épouse de Tyndare
(Roi de Sparte). D'ascendance divine, ce sont des personnages familiers du domaine de la guerre et
liés à plusieurs mythes comme celui de Jason et les Argonautes. Pour en revenir au morceau en lui-même,
le rythme est galopant et fait la part belle à la double qui prédomine sur toute la durée du
titre. Après un mugissement bestial, Kawir nous entraîne dans une autre aventure épique qui clôt
cette première partie d'album sous le signe du Soleil, et pour ainsi dire du monde de la surface.
Les quatre dernières pistes de « Πάτερ 'Ηλιε Μήτερ Σελάνα » se placent sous le signe de la Lune et plus
généralement sous un augure plus sombre, comme peuvent le renseigner les thèmes traités dans les
morceaux suivants. « Εις Μήτερ Σελάνα » (To Mother Moon) recadre la thématique sur Séléné dans
un ton toujours plus mystique et incantatoire et met en avant notamment quelques instruments
acoustiques. On a ici affaire à un black metal nettement plus folklorique avec ce titre presque ...
festif ? L'atmosphère développée ici est en tout cas absolument propice aux cultes nocturnes.
Justement, l'apogée de ce disque vient avec l'exaltant « Χαίρε τρίμορφη θεά » (Hail to the Three
Shaped Goddess) qui apparaît comme étant consacré à la déesse Hécate triformis (Aux trois
formes / apparences / visages) associée à l'astre lunaire et aussi, à certaines formes de mysticisme et
autres magies divinatoires. La cornemuse constitue une particularité de ce morceau, elle est
rapidement rejointe par un mur de guitares et de chœurs emphatiques qui viennent scander des
incantations en langue hellénique. Kawir nous livre ici ce que l'on pourrait appeler un putain de
tube (pardonnez le terme, mais c'est évocateur), ce morceau est un véritable hymne occulte
hypnotisant. Avec « Ηταύριαν Άρτεμις » (The Taurian Artemis), Kawir fait voile jusqu'à la
presqu'île de Tauride (Crimée actuelle) ou était rendu un culte particulièrement sanglant à Artémis.
Ici étaient sacrifiées en son honneur des victimes humaines. Toujours dans une veine très mélodique
et folklorisante, cette avant dernière piste fait la part belle aux instruments à vents et aux leads de
guitare entraînants, nous voilà repartis pour un nouveau voyage !
La conclusion de l'album est un
morceau beaucoup plus posé et atmosphérique intitulé « Η κάθοδος της Περσεφόνης » (The
Descent Of Persephone). Pour poser le cadre, Perséphone est l'épouse du dieu des Enfers, à savoir
Hadès. Une très hasardeuse traduction google m'a permis de m'assurer que ce titre relatait
effectivement en autres l'enlèvement de Perséphone par Hadès. Au résultat d'un commun accord,
celle-ci vivra ainsi une partie de l'année sur l'Olympe, et l'autre régnant sur les enfers aux côtés de
son époux. Musicalement parlant, le ton est effectivement plus désincarné et le tempo plus lent. Les
chœurs sont quasiment omniprésents et les percussions résonnantes nous plongent dans les
immenses cavités souterraines que sont les enfers. La production sur ce morceau semble avoir été
adaptée pour donner l'impression d'une musique justement enregistrée dans un vaste espace clôt,
comme une cavité infernale.
Au final, que penser de cet album ? Je n'entrerais pas en comparaison avec d'autres opus du
groupes, car ce n'est pas vraiment nécessaire je pense. Cependant, après avoir découvert le groupe avec
«Ισόθεος », je reste en admiration devant la capacité de ce groupe à développer des récits
mythologiques (qui restent une source quasiment inépuisable d'inspiration) en musique avec une
grande sincérité. Bénéficiant d'une production très correcte, le pagan black metal de Kawir est à la
fois folklorique, épique et atmosphérique, une recette idéale invitant au voyage dans le temps et
l'imagination. Après tout, les récits mythologiques étaient du temps de l'Antiquité grecque narrés
oralement et accompagnés de musique par les aèdes. En quoi ces athéniens pourraient-il mieux
mettre en valeur ces épopées que par la musique ?
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Stuurm
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