Chronique | LI JIANHONG (李劍鴻) - "1969" (Album, 2016)


Li Jianhong 李劍鴻 - "1969" (Album, 2016)

Tracklist :

Side A:

01. Die in humble and warm (小而溫暖的死) - 12:25
02. Revolution is only a sad illusion (革命只是憂傷的幻覺) - 17:52

Side B:

03. 1969 - 24:22

Extrait à écouter :


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              Guitares lointaines, grésillement Noise et voyages psychédéliques, voici les paysages musicaux qui s’écoulent entre les notes de Li Jianhong 李劍鴻. Depuis une dizaine d'années le musicien explore à travers ses compositions et ses improvisations les sonorités avantgardistes et tout ce que l'expérimentation a à apporter. Présent dans la scène chinoise expérimentale depuis les années 1990, il a sorti une trentaine d'albums.

              Sorti à l'origine en 2012, « 1969 » est ici de retour via WV Sorcerer Productions sous une nouvelle forme et accompagné d'un titre en plus. 'Die in humble and warm' (小而溫暖的死) est le nouveau titre qui ouvre cette expérience musicale de presqu'une heure. La guitare est caverneuse, enregistrée de tel manière qu'elle semble résonner dans une nature vaste et pluvieuse, les notes surplombants les hautes montagnes chinoises aux paysages oniriques et envoûtants. Musicalement, l'artiste oscille entre guitare psychédélique et sonorités Noise, c'est ainsi que naturellement arrive 'Revolution is only a sad illusion' (革命只是憂傷的幻覺). Ce dernier a été raccourci, mais surtout réinterprété pour accompagner la chaleur envoûtante de la mort. La tristesse illusoire prend le pas. L'ambiance se fait plus sombre, plus Noise, plus dépressive dans ses notes languissantes. Le malaise est pernicieux, s'infiltre dans nos chaires et réveille nos sens les plus obscurs et obscènes. La fin du titre nous laisse entre soulagement et peur d'un inconnu encore plus vide de vie. '1969' répond à nos craintes, plus angoissant, la Noise et le Drone ne font plus qu'un. Les sonorités claires et psychédéliques sont loin, au delà de cette ode délétère aux relents Black Metal. Un hymne funeste à la répugnance enchanteresse qui rappelle les ambiances d'un « Brain Salad Surgery » d'Emerson Lake and Palmer ou les compositions les plus obscures de Pink Floyd dans « Animals » ou « Ummagumma ».


               Li Jianhong 李劍鴻 puise autant dans les musiques avantgardistes anciennes, psychédéliques et languissantes que dans ce que la scène expérimentale actuelle a de plus dissonant et malsain. « 1969 » est une composition unique qui retrace des états émotionnels qui deviennent singuliers et omniprésents. L'écoute n'est plus un choix mais une chute dans les méandres tortueux d'un esprit errant et manipulateur qui saura guider vos troubles dans les plus sombres recoins de vos chimères.

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Morgan



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