Live Report | NKRT + WDNxH + INiQuiTy le 26.06 @ Cirque Electrique




Le dimanche 26 juin, Ondes Noires nous réservait une date un peu spéciale puisque contrairement à d'habitude, aucun groupe de Metal n'ornait son affiche. Inutile de dire que ce concert n'a attiré que très, très peu de monde, la curiosité des 'metalheads' ayant parfois ses limites. Nous étions donc une douzaine à assister à des shows diversifiés, de la Synthwave au Dark Ambiant, en passant par la Noise. Vous l'aurez compris, ce fut... très intime, le but n'étant de toute façon pas de ramener du monde, mais des passionnés et des curieux.



N.K.R.T.


La soirée débute à 18:30 sur une cérémonie rituelle, celle de NKRT, le one man band rouennais (un ex-membre de Mhönös) nous a préparé un set entièrement Ritual Dark Ambient, pas de guitare saturée pour cette fois, contrairement à d'autres fois où le musicien s'en était servi. Et d'ailleurs, la première démo de NKRT, "Niger Ritus" n'a rien de Black Metal, à la différence du premier live qu'il avait publié sur son bandcamp. Celle-ci est parue ce mois-ci et il est possible de se la procurer chez Tour de Garde au format K7.

On entre donc dans une pièce lugubre où se consume un peu d'encens, des bougies sont disposées autour du matériel du musicien. Celui-ci délivre ses incantations, en crescendo, parfois chuchotées, alors que nous nous évadons peu à peu et entrons dans son univers hermétique. Une atmosphère occulte, ténébreuse, mystique règne dans le Cirque Electrique, tandis que le musicien scande à ses fidèles des psalmodies en langue latine, se servant d'une cellule de violon posée sur un crâne en guise de percussion, imitant des sonorités aquatiques. J'ai beaucoup pensé à Enemite (Ritual Ambient - Chine) lors de cette performance, surtout en ce qui concerne les vocaux, et même si les instruments utilisés par Enemite sont plus diversifiés et traditionnels.

Le set de NKRT fut bien trop court (à peine 15 minutes, à moins que ma perception du temps ait été modifiée durant cette prestation), mais il fut immersif et surtout plaisant à regarder et écouter.


 WDNxH


Un radical changement d'atmosphère s'annonce avec l'arrivée sur scène de WDNxH, cette fois-ci on a un curieux mélange de Harsh Noise et de musique inspirée des années 1980 (la new wave en tête), une sorte de Synthwave bruitiste qui a plus vocation à faire danser qu'à encourager l'introspection. Tant mieux, d'ailleurs, vu ce qui nous attendait ensuite ce show était tout de même le bienvenu mais ne préparait pas tant que cela à ce qui allait suivre, ce qui montre l'éclectisme assez extrême de cette date (au-delà des étiquettes apposées aux noms des groupes sur le flyer). Une soirée pleine de surprises.

Tout endimanché de lingerie féminine agrémentée de dentelle, avec une posture ressemblant à celle d'une chanteuse de cabaret, l'homme derrière ce projet chante sur des instrus programmées, transpirant l'émotion, surtout dans les passages typés "spoken-word" (certains faisant penser à Fauve, pour prendre un exemple parlant). On a même eu droit à un solo de violoncelle qui avait l'air bien exécuté bien que l'on ne l'ait pas assez entendu (difficile de rendre justice au son d'un instrument acoustique vu la résonance de la salle), ce qui rajoutait encore plus d'originalité et de richesse à l'ensemble, comme quoi même en répétant des instrus en boucle on arrive à aboutir à quelque chose de réellement intéressant et artistique (n'en déplaise à certains individus enfermés dans leurs convictions). 

La véritable surprise (après le violoncelle et la lingerie) fut pour moi la reprise du titre 'Les Ruches Malades' du défunt combo de blackgaze, Amesoeurs, un choix qui m'a personnellement satisfait et soulagé puisqu'il s'agit de l'un des seuls morceaux que j'apprécie de la part de ce groupe. C'était aussi une bien belle manière de finir ce concert émotionnel, sur une note légèrement pessimiste ("J'ai offert mes ailes/Aux bons plaisirs des reines imbéciles!!!").


INiQuiTy


C'est parti pour le show le plus éprouvant que j'ai pu voir et entendre depuis un bon moment, tout cela dans le bon sens du terme, bien sûr, puisqu'on a eu une triple-dose de Noise, de Dark Ambient et de Drone, un cocktail mortellement malsain et angoissant, une éternité passée sous les rails métallisés du métro parisien. 

Le musicien nous inflige pendant ce qui me parut une éternité, des sons stridents produits à partir d'une basse auxquels il a rajouté pas mal d'effets, ces sonorités perçantes étant renforcées par l'utilisation d'un archet, tout cela en totale improvisation. Parfois, l'artiste, encapuchonné d'une veste immaculée et jouant assis de dos, voscifère des paroles inintelligibles, en rajoutant à l'atmosphère anxiogène qui a glacé une bonne partie de son maigre public. Ce hiérophante de la modernité part sans un mot, après avoir déversé les dissonances de son mal-être sur nos tympans endoloris.

INiQuiTy, c'est une expérience unique en live, à vivre ou à fuir, mais une expérience tout de même. Passionnés d'acouphènes, de bruits industriels d'un monde préparé à son apocalypse, ainsi que de musique expérimentale, venez donc la prochaine fois vous plonger en cet univers étouffant et unique!


Pour résumer cette soirée qui fut courte mais intense, on a eu notre lot de découvertes et l'occasion de sortir des sentiers battus, dommage que le public francilien ait boudé une telle date, les groupes et les musiques inconnus du grand public faisant parfois des heureux.


“La curiosité mène à tout : parfois à écouter aux portes, parfois à découvrir l'Amérique.”
(José Maria Eça de Queiros).

T.

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