Interview | Erang - mars 2016



Si vous êtes amateurs d' Heroic Fantasy et de tout l'univers qui s'y rapporte, Erang  est un one-man-band de Dungeon Synth qui a de fortes chances de vous émerveiller !

Cet artiste prolifique au talent éclectique vient de sortir son nouvel album, "The Land of Five Seasons", ce qui présente une bien belle occasion de parler de ses projets au travers de l'interview qui suit. 


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- Erang est une entité relativement connue outre-atlantique mais peu présente en nos contrées, pour remédier à cela pourrais-tu nous présenter ton projet et tes motivations à travers celui-ci?

Tout d’abord je te remercie pour cet entretien, ça fait justement du bien de pouvoir écrire en Français sans devoir tout traduire  Le hasard et Internet ont effectivement fait que, jusqu’à présent, j’ai eu plus de retour de la part des USA ou en dehors de France mais j’aimerais vraiment aujourd’hui toucher plus de gens ici et partager mon univers avec plus de Français. Je fais du Dungeon Synth / Fantasy Music depuis 2012 et j’ai développé mon propre univers avec des personnages, des histoires, une carte, etc. influencé par l’Heroic Fantasy et les vieux films de mon enfance (Willow, Conan, Dark Crystal, Legend, etc.), les livres de Tolkien, évidemment, que mon père me lisait lorsque j'étais enfant mais aussi les anciens jeux de rôles (sur table et «livres dont vous êtes le héros») et les jeux vidéos RPG (sur Atari ou Super Nintendo, etc.).

- Que signifie “Erang”?

Erang est quelque chose qui va au-delà de ma musique. C’est une partie de moi qui m’habite depuis toujours. Ça n’est pas « juste » un « projet » musical… C’est le fantôme de certaines choses du passé à jamais disparues… l’ombre d’un temps révolu… Un Royaume perdu…



- Tu viens de sortir ton nouvel album “The Land of Five Seasons”. Comment décrirais-tu ce monde des cinq saisons à quelqu’un qui n’aurait jamais cette oeuvre? 

C’est un autre monde, d’un autre temps… Une terre où se déroulent les évènements que ma musique illustre. Plusieurs peuples et plusieurs Royaumes (dont celui d’Erang) s’y côtoient. Je n’en dirais pas plus car je travaille, modestement, sur un court roman qui s’y déroule donc je ne veux pas gâcher le plaisir en en révélant trop. Je ne sais d’ailleurs pas si je finirai ce roman car écrire est une tâche véritablement ardue mais on ne sait jamais…




- Ta vie personnelle imprègne-t-elle Erang, ou bien est-ce tu préfères séparer totalement le monde que tu crées à travers ton art de ta vie privée et de ton passé? Ou, au contraire, envisages-tu ton art comme une manière de t’exprimer, voire rendre tes sentiments impérissables?

C’est un mélange des deux ou tout s’interpénètre. Comme je le disais, Erang est plus qu’un projet pour moi… et si je suis « artistiquement » influencé par des films ou livres, etc. je suis également totalement inspiré par des évènements de ma vie que je préfère garder secrets. Je les transforme, modifie des noms ou déforme des choses pour faire « rentrer » le tout dans mon univers… mais seul moi connait le sens premier de ces choses et je souhaite plus que tout que chacun laisse libre court à son imagination à l’écoute de ma musique : c’est très important pour moi que chacun se crée son propre « Royaume mental »…




- Ton Dungeon Synth est influencé par l’Heroic Fantasy, quels sont en particulier les auteurs qui t’ont amené à composer cette musique nostalgique et intimiste? Je pense à la littérature mais aussi au cinéma et à d’autres arts entretenant une relation avec cette mouvance, comme les jeux vidéos RPG. 

Concernant les auteurs, essentiellement Tolkien. En revanche, les films de Fantasy (considérés comme kitsch ou ringards) des années 80/90 sont réellement aussi importants pour moi : l’Histoire sans Fin, par exemple, m’a beaucoup marqué… Willow, Dark Crystal, Legend : tous ces films, que j’ai découvert enfant, ont un puissant pouvoir évocateur et emporte l’imaginaire bien loin de ceux qui s’y laissent prendre… Pour les jeux vidéos, je garde des souvenirs émus de Zelda III et Secret of Mana (dont les musiques sont sublimes).



- Si l’occasion se présentait, accepterais-tu que quelqu’un utilise ta musique pour la soundtrack d’un jeu vidéo? 

Bien sûr, si quelqu’un me contacte pour ça je serais heureux d’en parler et de réfléchir à ce qu’on pourrait faire.

- En parlant de Dungeon Synth, ce genre est très souvent vu comme un cousin éloigné du Black Metal - vu que de nombreux acteurs de cette scène ont des projets de ce type. Comment te perçois-tu par rapport à ce genre de Metal extrême? As-tu toi-même déjà joué dans un groupe de Metal?

Je n’ai jamais joué dans un groupe de Métal mais c’est l’un des premiers genres que j’ai écouté et avec lequel j’ai été en contact par le biais de mon grand frère (qui lui, jouait dans un groupe de Métal). Aujourd’hui j’écoute vraiment de tous les styles de musique et je n’ai aucune restriction, vraiment. Et il y a beaucoup de formations de Black Métal que j’écoute : l’esthétique me parle aussi beaucoup et me touche.

- Lorsque tu planches sur de nouvelles idées, comment t’organises-tu? As-tu ce que l’on pourrait appeler une “méthode de composition”?

Surtout pas de méthode. Ma règle, c’est qu’il n’y a pas de règles… je me laisse vraiment guider par mes émotions, les sons des instruments/synthés que j’utilise, une mélodie que j’ai dans la tête… Tout peut (et doit) arriver quand je compose… Je suis totalement autodidacte et c’est pour moi un aspect important de ma création : j’ai besoin de garder une part de mystère dans ce que je fais pour rester spontané et garder ma curiosité en éveil. J’ai besoin de ne pas « tout comprendre ». Aussi, je limite volontairement la théorie que je peux apprendre. Je ne dis pas que c’est bien ou que tout le monde doit faire comme ça mais pour moi ça marche comme ça …

- Tu as écrit un livre avec des dessins inspirés de ta musique, “A New Chapter In A Very Old Book”, pourrais-tu le présenter à nos lecteurs? Quel apport cela a-t-il sur Erang et vice versa? 

Un livre, c’est un bien grand mot : il s’agissait plutôt d’un recueil d’interviews illustrés par des dessins originaux que j’avais réalisé. Mes dessins sont d’ailleurs, quelque part, presque aussi importants pour moi que mes musiques. Je dessine depuis toujours et, là aussi, je suis un amateur total et je ne me considère pas du tout comme un dessinateur (tout comme, d’ailleurs, je ne me considère pas vraiment comme musicien)… Je me laisse guider par le crayon sur la feuille et je dessine comme ça vient… J’essaye toujours d’être sincère et brut.

- Pour finir: quel est le mot ou la pensée qui te vient le plus facilement à l’esprit lorsqu’on évoque ton projet musical?

Nostalgie…

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Si la musique d'Erang vous a séduit, sachez que vous pouvez retrouver l'artiste de différentes manières, écouter et  télécharger ses albums sur Bandcamp est la meilleure façon de le soutenir. 



Interview conduite par T. 



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