Chronique | Uada – "Devoid of Light" (Album, 2016)



Uada – "Devoid of Light" (Album, 2016)

Tracklist :

01 - Natus Eclipsim
02 - Devoid of Light
03 - S.N.M.
04 - Our Pale Departure
05 - Black Autumn, White Spring

Extrait en écoute :


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Né dans les terres américaines de l’Oregon, « Devoid of Ligh » est le premier album de la formation énigmatique Uada (qui signifie « hanté » en latin). Seul le nom de Graveloader (Infernus/US) aura filtré. Après le line-up n’est qu’un détail au final et ce qui compte c’est la musique me direz-vous.

Et en parlant de musique une part importante qui en fait partie à mes yeux est l’artwork. Il est notre première impression face au CD et nous guide à travers l’univers du groupe. Celui de « Devoid of Light » a été réalisé par Kris Verwimp (Absu, Enthroned, Graveland…). La retranscription de la désolation, voici ce qu’inspire cette nouvelle œuvre du maître. Les morts pleurant leurs défunts, une terre ravagée, un soleil disparu…. Vous l’aurez compris l’ambiance n’est pas au beau fixe. 

Dès les premières notes de ‘Natus Eclipsim’ Uada annonce la couleur avec ses guitares épiques et catchy, ce sera le fondement de cet album, ils créent une musique entrainante et captivante qui vous restera en tête, vous obsédant, des riffs efficaces et incisifs. Uada fonde sa musique sur autre chose qu’une simple succession de combinaisons de riffs, l’harmonie et les ambiances sont le leitmotiv du groupe. En temps normal je ne suis pas un grand fan de Black Metal à base de mélodies épiques, je trouve ça chiant, oui voilà, juste chiant. Mais grâce à je ne sais quel miracle, les américains ont réussis à apporter au côté mélodique de leur musique une attractivité incroyable, n’étant pas sans rappeler la scène suédoise du début des 90’s avec son Death/Black mélodique. Mais il ne faut pas non plus négliger l’influence qu’a certainement dû avoir les polonais de Mgla sur leurs compos, dans le côté épique, sombre et mélancolique de leur musique. Et encore une fois, je le rappel, ça n’est qu’une influence, pas un simple copié/collé. Une part obscure se dégage de ces mélodies entrainant l’auditeur inévitablement dans un univers dénué de lumière, à l’image de la cover. Le titre ‘Devoid of Light’ est vraiment la synthèse parfaite de l’univers du groupe, des riffs acérés alternant avec des passages lancinants, eux-mêmes se voulant sublimés par des blasts et un chant hurlé à vous glacer le sang. Tout ça pour laisser place à un moment de folie à la moitié de la piste avec ce passage thrashy qui vous fera headbanguer comme un malade. 

Un gros point positif est le jeu du batteur, on ne souligne jamais suffisamment l’importance du batteur dans un groupe, c’est lui qui instaure le rythme, le ton, permettant aussi par son jeu, ses breaks et ses changements de rythme de poser les fondations d’une chanson, d’une musique.

La clé est mise sur l’atmosphère, ce qui fait trop souvent défaut de nos jours je trouve. Cette alternance de rythme permet vraiment de s’immerger complètement dans le monde de « Devoid of Light » et de s’imprégner de toute la douleur, colère que le groupe veut nous transmettre. Il ne faut pas oublier qu’une musique est un panel d’émotions retranscrit à travers un art, et pour dégager cette intensité il faut une maturité, il faut savoir laisser parler l’instinct. Ce que j’apprécie réellement dans cet album, c’est que la musique a une place prépondérante, et que pour la laisser s’exprimer le chant sait se mettre en retrait afin qu’elle puisse prendre toutes son ampleur, toute sa puissance, et lorsqu’il fait son apparition, il intervient de manière juste et précise, afin de nous achever. Trois titres sortent du lot, ‘Natus Eclipsim’, ‘Our Pale Departure’, ‘Black Autumn, White Spring’, ma préférence allant pour ce dernier qui sait me transcender à travers tout un tas de sentiments/émotions, la colère, la haine, l’envie de révolte, la mélancolie. Et le chant de J.G est d’une justesse, je veux dire il colle parfaitement à l’entité, alternant différentes formes que ce soit hurlements, complaintes et quelques passages plus « growl ». Il restera ancré en vous comme une marque au fer rouge sur votre chaire.

Un gros point positif reste la durée de l’album, 35 minutes, permettant de tenir une intensité constante sans aller trop loin au risque d’ennuyer l’auditeur. Je ne compte plus le nombre d’albums, étant trop longs et qui auront perdus de cette force, de cette énergie pour au final provoquer un ennui. 

Sincèrement, quand j’ai vu que c’était leur premier album je n’y ai pas cru. Je me serais attendu à un groupe en place depuis une dizaine d’années. Il n’y a pas lieu de révolutionner un genre pour réussir à créer un album de qualité. Et ça Uada l’a parfaitement compris, le groupe a trouvé la recette qu’il faut pour donner vie à un premier opus de grande qualité. 

Voyez cet album comme une tempête de neige s’abattant sur vous, vous devrez creuser pour pouvoir vous en extirper. Au final, vous retomberez au beau milieu d’une brume intense et vous devrez vous battre pour retrouver la liberté et la chaleur du soleil.

Dire que j’ai été conquis est un euphémisme tant cet album m’a marqué de son empreinte.

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KhxS





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