Gargantua - "Avant-Propos" (2016)
Tracklist :
01. A Delightful Sense of the Absurd (8:03)
02. Threshold of Death Part. I : Gutters (8:00)
03. Threshold of Death Part. II : Inherent Lunacy (4:52)
04. Ne Mot Dire (4:41)
Extrait en écoute :
Extrait en écoute :
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"Silènes était jadis de petites boites, que que nous voyons aujourd’hui présentes dans la boutique des apothicaires, peintes au dessus de joyeuses et frivoles figures, comme les harpies, les satyres, les oisons bridés, les lièvres cornus, les canes bâtées, les boucs volants, les cerfs limoniers et autres figures ou images peintes à plaisir pour exciter le monde à rire. (comme le fut Silène, maître du bon Bacchus): mais au dedans, on y tenait de fins remèdes comme les baumes, l’ambre gris, l’amomon, le musc, la civette, les pierreries, et autres choses précieuses."
(François Rabelais, Gargantua, prologue.)
Semblable au contenu des Silènes donc, la musique de Gargantua, ce burlesque sextuor parisien formé en 2015 et qui nous présente cette année son premier EP "Avant-Propos" ? On peut être sûr qu'on y trouvera ce qu'on y cherche, à condition de bien vouloir se laisser guider dans ce monde fait de prog influencé par le Metal extrême, Death et Black Metal en tête. Un poil difficiles d’accès à la première écoute, Gargantua nous révèlent leurs bienfaits, cachés au sein du labyrinthe sonore qu’ils ont bâti et que l’on retrouve illustré sous la forme d’une sorte de rhinocéros difforme mu par une multitude d’engrenages sur la pochette estampillée okiko (Psygnosis, 2methyl).
On a affaire à des combos de longueurs variées, les deux premières atteignant tout de même les huit minutes. De toute évidence, les musiciens manifestent l’intention de ne pas proposer un contenu trop direct, mais plutôt un ensemble dûment construit et réfléchi, de manière à mieux nous installer dans leur univers et en révéler toutes les facettes de façon fine et intelligente. Dense mais loin d’être opaque, cette musique est faite de contrastes, passant aisément d’atmosphères modernes typées Core ou Death melo à un folklore urbain assuré en grande partie par les parties de clavier et d’accordéon. Ça blaste, ça se calme, tout s’enchaîne bien, on s’étonne, on reprend son souffle, on vit la musique. Pari réussi.
Il s’agit là d’un EP de quatre morceaux, que l’on peut trouver difficile à digérer au premier abord, mais une fois qu’on s’est laissé inviter au festin, il est dur de dire non à chaque met servi. Et pour mieux mettre en valeur ce festival de sonorités dont l’association demeure surprenante mais non moins agréable, une production parfaite assurée par Jean-François Di Renzo de The Office/The Artist. Ce mixage et ce mastering mettent bien en valeur la conception de la musique qu’est celle de Gargantua, le contenu ne parait jamais surchargé mais plutôt souple et facile d’accès pourvu que l’on accepte de se laisser perdre et surprendre par ce bouquet riche en parfums et saveurs.
Irréductible à une seule étiquette, Gargantua vous échappe si vous prétendez lui en apposer une. Nous nous devons de rester dans le prologue du deuxième roman de Rabelais pour conclure sur ce EP prometteur, que nous sommes impatients de découvrir ou redécouvrir en live :
"À son exemple, vous devez être sage, pour sentir, appréhender et estimer ces beaux livres au contenu de grande tenue, léger et hardi au premier abord, puis par l’apprentissage curieux et les méditations fréquentes, rompre l’os et sucer la substantifique moelle."
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