Chronique | Spektr - "The Art To Disappear" (Album, 2016)


Spektr - "The Art To Disappear" (2016)

Tracklist :

1. Again   00:29
2. Through the Darkness of Future Past   05:26
3. Kill Again   00:50
4. From the Terrifying to the Fascinating   06:46
5. That Day Will Definitely Come   08:02
6. Soror Mystica   02:08
7. Your Flesh Is a Relic   03:10
8. The Only One Here   01:45
9. The Art to Disappear   10:43

Extrait :


___________________________


Spektr, éminent fleuron de la scène Indus Black Metal française, est également un sacré O.V.N.I. dans ce milieu puisqu’il ne faut pas s’attendre à des riffs dopés à la métamphétamine et distordus par l’influence de certains produits (je pense à Helel, Blacklodge…).
Non… ce duo francilien va encore un peu plus loin, et nous le prouve une ultime fois avec son  quatrième album, « The Art to Disappear », magnifique mixture de musique martiale entrecoupée de passages ambiants et cette fois-ci, totalement instrumentale et accompagnée de samples. Spektr n’accumule pas les clichés en se concentrant uniquement sur la rudesse et le côté chirurgical de cette musique, il lui donne carrément une nouvelle dimension et nous fait prendre un bon bol d’air en ce début d’année 2016.


On remarque tout d’abord une première innovation en terme de style de jeu par rapport à « Cypher », qui privilégiait une technique de guitare axée sur des slides legato. Ici, on est plus dans un registre tranchant et lourd, beaucoup plus massif et désaffecté, rentre-dedans aussi, et ça s’accélère jusqu’à ce qu’on s’enferme dans les méandres des programmations électroniques, dont seul kl.K. (ex-Battlehorns) a le secret. On y rencontre également des samples tirés de films tels que Mondo Keyhole de Jack Hill (1966) ou de séries comme Twin Peaks, créée par Mark Frost et David Lynch entre 1990 et 1991. ‘From the Terrifying to the Fascinating’ est un bon exemple de ce qui caractérise cet album, à savoir la répétition d’un riff dissonant et rasant, avec en accompagnement la machine de guerre qu’est le jeu de batterie précis de Hth. Et, tout d’un coup, les échantillons de batterie indus et les divers éléments dronesques et grésillants nous plongent dans leur calme tourment, jusqu’à ce que la furie et la folie reprennent de plus belle. 

Je le concède, Spektr ne sont pas les heureux pionniers de ce sous-genre, on sent l’influence du côté Ambient de The Axis of Perdition, la perte de repères que Darkspace se plait à retranscrire dans son Atmospheric Black Metal cosmique, l’énorme influence de Blut Aus Nord avec ces temps presque morts totalement malsains, même si plus mécaniques, qui rappellent l’atmosphère de « MorT » ou « The Mystical Beast of Rebellion » … Bref, tout un tas d’éléments que le duo assemble et désassemble, avec une réelle identité et non pas un pâle catalogue d’influences. On sent également une fibre avant-gardiste très présente, au moins autant sinon plus que sur les précédents albums, dans lesquels on décèle déjà une rythmique se rapprochant du Jazz en plus du côté indus et ambiant de l’instrumentation. 

Imaginez-vous un électrocardiogramme affolé et il vous sera difficile de vous défaire de cette image à l’écoute de cet album, tant les fluctuations rythmiques et atmosphériques donnent une impression d’évolution aléatoire, mais qui pourtant coule de source du point de vue de la composition. On est face à des crises psychotiques soudaines, des hachures angoissantes qui annihilent ce qui précède et nous préparent à ce qui suit sans nous mâcher le travail… si bien que l’on se retrouve soi-même piégé dans cet univers inexploré, sans boussole pour nous repérer. Et on se surprend à disparaitre sur les sentiers du cosmos qui s’effacent progressivement derrière notre âme altérée.  


Commentaires