Interview | Regarde Les Hommes Tomber - janvier 2016



Voici notre première interview du groupe de Post-Black Metal nantais, Regarde Les Hommes Tomber. Une formation phare de l'année 2015 avec la sortie de l'album "Exile", chroniqué sur nos pages. Nous avons voulu aller plus loin dans la connaissance du groupe avec cette entrevue par mail avec l'un de ses deux guitaristes, J.J.S. . 


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- Bonjour, et merci d’accepter cette interview, pour commencer, qu’avez-vous pensé des retours sur votre deuxième album « Exile » ? Vous attendiez-vous à transformer l’essai de cette manière après le succès qu’avait rencontré votre premier album? 



JJS : Salut et merci à toi. Et bien écoute, les retours presses, webzines et autres sont tous très positifs. Ça nous fait vraiment plaisir, d’autant plus qu’on a vraiment mis nos tripes dans ce nouvel album. Pour nous, c’était vraiment important de faire aussi bien que le premier car on était attendu et on ne voulait pas décevoir. On s’est mis pas mal de pression mais au final tout ceci a été bénéfique. On voulait montrer que le premier album n’était pas un coup de chance et je pense qu’avec Exile, l’essai est transformé.


- Depuis l’album éponyme le groupe a changé de frontman, comment se passe cette nouvelle collaboration, en live tout comme en studio ? Qu’est-ce qui distingue Thomas d’Ulrich ?



JJS : C’est exact, Ulrich nous a quittés pendant la composition du nouvel album. L’orientation vers une musique plus black ne l’enchantait pas trop donc il a préféré se reconcentrer sur Otargos et d’autres projets. Thomas nous a rejoint très vite. Nous le connaissions déjà et avions fait un test avec lui quand nous composions le premier album. Il s’est tout de suite impliqué dans la vie du groupe. Il s’est intégré très facilement car humainement, c’est un mec au top. En studio, il a vraiment apporté un plus à l’atmosphère de notre musique, notamment avec ses idées et sa voix possédée. Pour le live aussi. Ulrich avait plutôt tendance à se mettre dos au public. Thomas, lui chante avec un pied de micro et reste toujours devant le public. Il apporte donc une stature et une présence forte.  




- Comme dans l’album précédent, vous faites énormément de références bibliques tant dans le visuel que dans les paroles et à travers l’atmosphère générale qui émane de votre musique et de vos shows. Qu’est-ce qui vous a poussé à donner autant d’importance à ces thèmes, en particulier l’épisode de la chute de Babel duquel s’inspire le nom du groupe ? Cet album doit-il être vu comme la suite du premier épisode (après la chute, l’exil) ?



JJS : Dès le début, il était clair que pour nous, Regarde Les Hommes Tomber serait un groupe concept. Nous avons pris comme base l’atmosphère des premiers morceaux composés, il y a maintenant cinq ans, pour créer un univers cohérent autour. On voulait un truc ancien et mystique. Antoine avait en tête cette phrase : « Regarde Les Hommes Tomber » qu’il trouvait très belle. Elle vient en fait d’un film de Jacques Audiard, mais nos textes n’y font pas références. Donc on est parti de cette phrase et des morceaux composés pour créer le concept du groupe. Nous faisons références aux textes bibliques car ils regorgent de récits qui relatent la chute et les défaillances de l’Homme. Nous sommes des passionnés d’histoire, de religion et de mythologie, c’est pour cela que nous avons puisé dans cet univers. Mais nous ne sommes pas pour autant un groupe chrétien. Nous avons plutôt un œil critique sur la relation entre les hommes et la religion, et les effets pervers qui en découlent. A savoir, que c’est un ami à nous, Henoch qui rédige les textes. Enfin, pour répondre à ta dernière question, oui Exile et la suite directe du premier album. Après avoir été maudit, les Hommes sont chassés du royaume de Dieu. Démarre alors l’Exil…  





- Par la suite, les autres albums (si le groupe en prévoit d’autres) seront-ils aussi conceptuels?



JJS : Oui, tous les albums à venir, s’il y en a, tourneront autour de ce concept.


- À l’écoute de l’album j’ai pu constater une certaine tendance à rendre votre musique moins lourde, moins Doom et moins Sludge, davantage « Post-Black », quelles étaient vos intentions musicales au moment de la composition d’ «  Exile » ? Quelles différences feriez-vous entre les deux albums parus à ce jour? 



JJS : C’est exact ! Après la sortie du premier album, on a pris un peu de recul sur celui-ci et on s’est aperçu qu’il était un peu lent… Du coup, en live, on a commencé à jouer les morceaux plus vites, de manière plus dynamique. Ce qui les a rendus un peu plus vivants. On a essayé de conserver cette énergie lorsqu’on a débuté la composition d’Exil. Il faut ajouter à cela le fait qu’on est aussi des grands fans de Black Metal. Donc, l’évolution nous a paru tout simplement naturelle.


- Vous avez récemment effectué quelques dates avec Amenra, dont une le premier octobre au Divan du Monde à Paris, comment rapprocheriez-vous votre art de celui de cette entité belge des plus créatives ? Fait-elle partie de vos influences et à ce propos, quelles sont ces influences ?



JJS : Oui, Amenra fait partie de ces groupes qui nous ont beaucoup influencés. Ça s’entend beaucoup sur le premier album je pense, plus lourd, plus sludge, mais moins sur Exile qui est plus black.. Tout comme eux, nous aimons prendre notre temps pour développer des ambiances dans des morceaux qui s’étirent sur la longueur ; nous aimons aussi donner une sorte d’aura mystique à nos musiques. Et en live, nous aimons jouer dans des ambiances feutrées, avec peu de light. En tous cas, c’est deux concerts ont été une superbe expérience pour nous. On a conscience du fossé qui nous sépare encore de ce groupe culte, mais, les observer nous permet d’apprendre et de s’améliorer. 





- D’une manière générale, comme vivez-vous vos morceaux sur scène, est-ce intentionnel de les rendre plus dynamique et plus directs que ce qu’on découvre en plaçant le vinyle sur la platine?



JJS : Nous nous sommes toujours définis comme un groupe de scène. Dès le début, c’était clair pour nous : on voulait le maximum de show possible. On adore ça et c’est dans ces conditions que notre musique révèle tout son potentiel. D’ailleurs, quand on compose, on fait en sorte que tout soit jouable en live. Du coup, dès qu’on monte sur scène, on donne le maximum et logiquement notre musique devient plus directe, plus dynamique.  


- Le groupe vient de Nantes, que pensez-vous de votre scène locale? Y a-t-il des combos récemment formés que vous voudriez faire découvrir à votre public et à nos lecteurs ?



JJS : Oui la scène nantaise et très dynamique ! Et depuis de nombreuses années, que ce soit dans le metal, le hardcore ou même le punk. Les trucs que je peux conseiller sont pas vraiment black métal mais ça reste mortel à découvrir : Harm DoneWar Inside, Instant Zero, Watertank




- Avez-vous de nouvelles ambitions depuis la sortie d’ « Exile », comme celle de plus tourner à l’International?

JJS : Oui, on a beaucoup joué en France et maintenant, on aimerait commencer à jouer dans les pays européens. On a déjà mis un pied dans les pays du Benelux et la Suisse, mais maintenant, on aimerait toucher des pays comme l’Allemagne, l’Angleterre mais aussi l’Europe de l’Est. On travaille en ce sens avec Thibaud de Kongfuzi Booking qui se démène à fond pour nous !

- Depuis ses débuts, Regarde Les Hommes Tomber collabore étroitement avec l’artiste/designer Fortifem, qui travaille d’ailleurs avec quelques autres représentants de la scène française. Comment avez-vous été amenés à travailler avec lui?



JJS : En fait, Fortifem est composé d’Adrien et Jessica, un couple de graphistes parisiens qui font un super boulot. Avant, la sortie du premier album, on cherchait un artiste à l’aise avec les gravures puis on est tombé sur la pochette d’un album de Direwolves. L’album s’appelait Me From Myself, To Banish. Ça nous a tout de suite parlé et on s’est demandé qui avait réalisé ce magnifique artwork. C’est ce qui nous a emmenés à eux. Ils ont donc réalisé nos deux pochettes à ce jour et largement contribué à l’entité visuelle et l’aura du groupe.


T-shirt design for Ulver






JJS : Et bien c’est simple, nous avons réalisé notre premier concert en Mai 2012 à Nantes, au Ferrailleur, et Gérald, le boss du label était présent ce soir-là. Il me semble que c’est un pote en commun qui lui avait conseillé de venir nous voir. Il était également venu pour voir Wolves In The Throne Room, pour qui nous ouvrions. Il a tout suite été touché par notre musique et a décidé de nous signer dans la foulée. Depuis, ils font un super taff pour nous et on leur doit en grande partie notre réussite actuelle. 


- Merci d’avoir répondu aux questions de Scholomance !
Merci à toi !




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Interview : Thomas


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