Focus IV | La Oi! espagnole

La Oï espagnole



       Mélange de punk-rock, de ska et de pub-rock (Dr. Feelgood, Eddie and the Hot Rods), la Oi! apparaît à la fin des 70's au Royaume-Uni. Le genre naît comme contestation à la commercialisation du punk et comme volonté de retourner à cette "culture de la rue". Appelée aussi street-punk, la Oi! prend de l'ampleur dans les années 80 et devient très populaire au sein de la classe ouvrière et du mouvement skinhead; commence alors sa forte politisation. Des groupes comme Skrewdriver ou Skullhead rassemblent les boneheads (skinheads neo-nazis) autour de la haine des immigrés, des juifs, des noirs, des communistes, des anarchistes, … Très influents à la naissance de la Oi!, ils perdent cependant beaucoup de terrain face aux groupes antiracistes tels que Sham 69, Angelic Upstarts ou The Burial qui insufflent au mouvement une forte tendance antifasciste.


       Alors qu'au Royaume-Uni le genre s'essouffle avec le temps, il prend de l'ampleur dans d'autres pays européens, notamment en Espagne. La scène espagnole est très particulière car elle n'est pas une simple copie du mouvement originel britannique mais plutôt un mélange local de toutes les influences qui ont marqué la péninsule ibérique. Parmi celles-ci on compte le punk des années 80 (La Polla Records, Kortatu, Eskorbuto), critique de la "transición" et des années de plomb (le terrorisme de l'ETA), le revival du ska avec la 3ème vague (Skalariak, Ska-P) ainsi que le rap et le hardcore (Los Chikos del Maiz, Riot Propaganda, SFDK, Los Violadores del Verso). C'est vrai que ça peut faire  bizarre de rassembler tous ces genres musicaux mais il est important de comprendre que les mouvements sont très poreux et qu'il n'y a pas de réelles frontières entre eux. La grande majorité des groupes ne se concentre pas dans un seul et même style, ils explorent, expérimentent avec succès. Et c'est cela qui fait la beauté de la scène espagnole.

       Enfin pour vous faire une petite idée, voici trois groupes qui représentent exactement ce qu'est la Oi! en Espagne. Mais avant cela, si vous voulez une petite définition du genre, je dirais que la Oi! se caractérise par de gros riffs bien lourds, assez rapides et plutôt répétitifs, avec des refrains souvent chantés en chœur (rappelant les chants de stade, car la Oi! est très liée aux hooligans). Bref, c'est énervé et ça donne un bon gros kick d'adrénaline.

Non Servium


        Emblème et tête de file de la Oi! espagnole, Non Servium est toujours resté fidèle au genre. Ils sont là depuis 1997 et n'arrêtent pas de tourner, en concert ou en festival, crâne rasé et poing levé. Qu'il fassent des chansons rapides ou un peu plus lentes, Non Servium garde une puissance, une haine viscérale dans le chant, dans le rythme. Et je peux vous dire qu'en live, quand vous avez une fosse remplie de redskins et que batteur et chanteur commencent à s'énerver, ça envoie du lourd. Alors oui, c'est vrai que le groupe stagne un peu dans le même style depuis sa formation, ça n'a pas trop évolué, mais ils ont su garder cette grosse énergie qui leur est si particulière. Une bonne grosse batterie , la saturation de la guitare et des choeurs bien bourrins sont le combo parfait. Et puis ils ont une chanson qui s'appelle "Tue des hippies", on ne peut qu'aimer !


Nucleo Terco


       Très actif dans le mouvement "okupa" (squat) et dans le milieu communiste, Nucleo Terco sort son premier disque en 2002, enregistré en live dans un squat de Vallekas (quartier prolétaire emblématique de Madrid). Ils se démarquent des autres groupes par leur son plus clair, plus mélodique et un guitariste bien chaud; ce qui donne à leurs chansons une certaine finesse. Au final vous avez un style bien agressif mais pas aussi lourd que Non Servium.


Kaos Urbano



       Originaire d'Alcobendas (petite ville fortement antifa à 15 km de Madrid), Kaos Urbano a  arcouru pendant 4 ans les squats de toute l'Espagne. Skinheads purs et durs, très engagés, ils sortent notamment un disque (De Madriz al Infierno) en hommage à Carlos Palomino et à tous les antifascistes assassinés. Kaos Urbano arbore un style beaucoup plus punk reflété dans les vocaux ainsi que dans leur son très brut, sans fioritures, nous faisant comprendre un peu mieux le terme "street-punk". De tous les groupes présentés dans cet article, c'est bien Kaos Urbano qui représente le plus l'ambiance des concerts dans les squats.

Track : Anti-Español

       Trois groupes, trois piliers de la Oi! en Espagne. Mais le mouvement ne s'arrête pas là et déborde  ur bien d'autres genres musicaux. Je me sens donc un peu obligé de vous parler vite fait de rapcore avec Habeas Corpus, de rap metal avec Narco et de hardcore avec Soziedad Alkoholika.

Allez, bonne écoute.

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Auteur : Marti

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