Chronique | Decline Of The I - "Rebellion", 2015


Decline Of The I – "Rebellion" (Album, 2015)

Tracklist:

1. Lower Degree of God's Might
2. Hexenface
3. Le rouge, le vide et le tordu
4. The end of prostration
5. Pieces of a drowned motion
6. Deus Silve Musica
7. On est bien peu de chose

Extrait en écoute:




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« Tous, corbeaux, charognes et autres rats s’enfuirent lorsqu’il tomba lourdement au sol, la clope au bec. Le souffle s’éteint, la lumière s’évanouit, et ces mêmes rejets du monde vivant revinrent et entrèrent par tous les orifices du mort moribond et le firent se relever. Le mort s’assied sur une rambarde dans la rue humide, reprit sa clope semi-éteinte et regarda le monde. Son regard avait changé. »
Le déclin de ce je, le déclin du moi, mon déclin. D’une certaine façon, écouter Decline Of The I, c’est se redécouvrir sous un autre regard. Beaucoup de philosophes et d’hommes de la pensée active voyaient la clope comme une sorte de destruction créatrice. Rebellion est une grosse cigarette. 





Chaque sens est lié, chaque art se lie et s’entrelie dans des concepts communs, Satan a disparu, Dieu est mort (Nietzsche approuve), seul l’humain persiste et les entrailles de celui-ci se nouent dans l’écoute d’un Rebellion sauveur d’une époque où l’innovation est en déclin. Avec ce dernier opus, deuxième volet d’une trilogie laborienne et parisienne, A.K frappe fort, très fort. On se doutait avec « Inhibition » qu’un grand potentiel se cachait, se découvrait et nous découvrait. 

Décousu, cousu, recousu avec barbarie et extrême finesse. C’est dans cette explosion de violence que se cache le fil électrique qui conduit à la cage de ces pauvres rats peureux n’ayant que l’énergie vitale en eux et le sensible immédiat pour savoir que le deuxième rat est un congénère et pas le miroir de l’un ou l’autre. Le rat, c’est toi. Ou moi. Dans une scène ou se dessine parfois une infinie facilité de composition, certains projets prennent des initiatives au risque de se briser la mouille au sol grassement. Ce n’est pas le cas ici. 

Savoir, cinéma, musique électronique et Black Metal ne sont pas des contresens.  Decline Of The I se sert de références françaises et franchouillardes afin de créer, dans ce deuxième opus, une continuité et une identité propre au projet. Qu’il en convienne aux détracteurs, l’aspect décousu, qui se barre dans tous les sens est un point indissociable avec le concept d’Henri Laborit (« L’Eloge de la Fuite »). Valsant, bruyant, lent, franc et combattant, Decline Of The I joue avec tous les jouets qui lui sont mis à disposition. Entre les samples de films français et la partie électronique qui se fond dans le décors des rues pourries de Paris, DOTI ravive et donne de la fraicheur à ce Black Metal complet. Certains l’assimileront à Diapsiquir et d’autres à Hell Militia, mais je dois avouer que je n’ai toujours pas compris pourquoi. « Deus Sive Musica » ressemble plus à un mix entre Igorrr et Decline Of The I avec des riffs Ataraxiens en entrant dans les affres du Breakcore et du Doom pendant que « Hexenface » surfe sur les formes de Marianne. Les guitares s’égosillent et le temple des rats morts d’Henri Laborit commence à sentir la pisse chaude des berges de la Seine. Une valse immonde se met en place et laisse nos cœurs chavirer sur leurs propres battements.

« Aujourd’hui, les princesses sont mortes, et les génies ne sont plus que des vieillards angoissés »

Rouge, vide et tordu sont les qualificatifs représentant le cerveau de l’auditeur. « Lower Degree Of God’s Might » ne masque pas son flow de rappeur de l’âme. « Hexenface » montre un talent de composition de par l’arrivée d’un solo de « je ne sais quoi » d’électronique qui fait battre le cœur. « Le rouge, le vide et le tordu », entre le blast, la pédale wawah, le cri de 15 secondes déchirant l’hymen d’Yvette à la guinguette de St-Gérard sur Darmont ou de St-Ronsard sur Laborit et le piano agonisant déstructure les codes d’Inhibition et redonne du tonus à la scène Black Metal française. 

« On est bien peu de chose Et mon amie la rose Me l'a dit ce matin A l'aurore je suis née Baptisée de rosée Je me suis épanouie Heureuse et amoureuse Aux rayons du soleil Me suis fermée la nuit Me suis réveillée vieille Pourtant j'étais très belle Oui j'étais la plus belle Des fleurs de ton jardin On est bien peu de chose Et mon amie la rose Me l'a dit ce matin Vois le dieu qui m'a faite Me fait courber la tête Et je sens que je tombe Et je sens que je tombe Mon cœur est presque nu J'ai le pied dans la tombe Déjà je ne suis plus Tu m'admirais hier Et je serai poussière Pour toujours demain. On est bien peu de chose Et mon amie la rose Est morte ce matin La lune cette nuit A veillé mon amie Moi en rêve j'ai vu Eblouissante et nue Son âme qui dansait Bien au-delà des nues Et qui me souriait Crois celui qui peut croire Moi, j'ai besoin d'espoir Sinon je ne suis rien Ou bien si peu de chose C'est mon amie la rose Qui l'a dit hier matin. » 

(Cécile Caulier, "Mon amie la rose")





Suintant la pute à béret, l’ouverture d’esprit, l’ouverture musicale et l’émotion, Decline Of The I entre au panthéon du Black Metal français.




Hugod



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Commentaires

  1. merci pour l'article

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    1. Merci de le lire ;) n'hésite pas a dire ce que tu en penses afin que l'on affine le projet. Tous les avis sont bons.

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  2. Anonyme22:55

    concept sympa, la chro illustrée…
    Il est pas de Ronsar le poème?ou peut-on se procurer l'album;

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    1. Anonyme23:14

      merci bien!
      voici un lien pour te procurer ce magnifique album!


      http://www.agoniarecords.com/index.php?pos=shop&lang=EN&section=article&category=&action=article&id=ARcd133


      Arshlor ( j'arrive pas a le mettre a la place de anonyme haha)

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  3. Merci pour ton avis. Le poème est de Cecile Caulier et sera ensuite chanté par Françoise Hardy. Tu peux avoir l'album a la fnac ou sur me site du label et un peu partout au final.

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